RMC
Politique

Recrudescence de menaces contre les élus: protection renforcée pour Dussopt et Boyard

placeholder video
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, bénéficie d’une protection renforcée après avoir reçu des menaces. Le député LFI Louis Boyard est également protégé par la police. Tout cela est le signe de tensions grandissantes autour de la réforme des retraites.

La réforme des retraites crispe et clive. Au point que certains en viennent à dépasser les limites de la loi. Depuis plusieurs semaines, de plus en plus d'élus reçoivent des menaces, des intimidations. C'est le cas notamment du ministre du Travail, Olivier Dussopt, qui a reçu ces derniers jours de très nombreux messages d’intimidation y compris des menaces de mort avec des images de guillotines. D'après BFMTV, il aurait même reçu des menaces plus directes, sans parler des messages à caractères homophobes.

Tout cela a conduit le ministère de l'Intérieur à renforcer sa protection policière. En temps normal, le ministre de Travail à le droit à un officier de sécurité qui l’accompagne dans tous ses déplacements. Là, on vient de passer à trois policiers armés qui sont avec lui pour toutes ses activités publiques et privées.

Le député Louis Boyard mis sous protection policière

Une surveillance a également été mise en place autour du député insoumis Louis Boyard. Si ce n’est pas une protection policière permanente comme pour un ministre, elle consiste en des patrouilles de polices régulières autour de son domicile en région parisienne, là encore en raison de menaces de morts reçues par courrier chez lui et à son bureau de l'Assemblée.

Ces menaces sont prises au sérieux parce qu’au même moment sur une boucle Télégram liée à l'extrême-droite, des informations sur Louis Boyard ont été publiées, notamment ses trajets personnels et professionnels avec des horaires précis.

Tout cela survient dans un contexte de violences contre les élus. En 2020, 60 parlementaires ont été agressés et plus de 500 maires. On a compté plus de 60 élus dont le domicile a été visé, et à peu près autant dont la voiture a été dégradée. Depuis, les chiffres sont en hausse constante. En 2022, sur les 10 premiers mois de l'année, le ministère de l'Intérieur a révélé plus de 1.800 actes d’incivilité, soit plus de quatre par jour dans toute la France. Cela va de l’agression verbale à l’agression physique en passant par les menaces écrites.

Une rupture lors de la crise des gilets jaunes

Un observatoire de la violence contre les élus a été mis en place après le drame de Signes. En août 2019, Jean-Mathieu Michel, le maire de cette commune du Var avait été mortellement renversé par le conducteur d’une camionnette qui voulait déverser illégalement des gravats. Une consultation nationale avait alors été lancée par l’Assemblée nationale et 92% des élus interrogés avaient affirmé qu’ils avaient déjà été victimes d’incivilité.

>>> “Expliquez-nous” est à retrouver en podcasts sur le site et l’appli RMC

Cette loi est entrée en vigueur le mois dernier. Elle permet aux associations d’élus de se porter partie civile après chaque agression, ce qui permet aux maires d'être mieux accompagnés. Le ministère de la Justice affirme que les poursuites pénales sont systématiques et que les agresseurs sont les auteurs de faits de violences sont envoyés en prison dans 80% des cas.

Il y a eu une rupture lors du mouvement des gilets jaunes, à partir duquel les chiffres des agressions ont explosé. A l’époque, selon un décompte du Figaro, un député sur dix avait été victime d'actes de violence, souvent de blocage à dans leur permanence ou à leur domicile, parfois avec leurs enfants. Certains avaient commencé à se déplacer avec une bombe lacrymogène, au cas où. On était face à un rejet inédit de la classe politique. Le président de l’association des maires de France, François Baroin, avait parlé d’une “crise civique majeure”. Si la situation n'est pas aussi tendue aujourd’hui, les tensions montent tout de même.

Nicolas Poincaré