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Samah, enseignante, envisage pour la première fois de ne pas voter: "quand je vois les candidats…"

32% des électeurs se disent tentés par l'abstention lors de la prochaine présidentielle, selon une enquête du Centre de recherche politiques de Sciences Po (Cevipof). RMC a rencontré Samah, enseignante en Seine-St-Denis qui, pour la première fois, hésite à aller voter.

Mécontentement, candidat jugés pas convaincants, voire tout simplement lassitude… L'abstention pourrait battre des records pour une élection présidentielle, au printemps prochain. A un peu plus de 6 semaines du premier tour, l'abstention se situerait aux alentours de 32%, selon une enquête du Centre de recherche politiques de Sciences Po (Cevipof) en partenariat avec la Fondation Jean Jaurès. Ce sont 5 millions d'électeurs qui déclarent envisager de s'abstenir. Un niveau historiquement haut, puisque depuis 1974 l'abstention pour une présidentielle tourne autour de 20%. La seule exception concernait la présidentielle de 2002 avec 29% d'abstention.

Il y a trois types d'abstentionnistes: ceux qui sont certains de ne pas voter (2% du corps électoral), les probables votants (10%) et les potentiels votants (20%). Leurs principales motivations? "Aucun candidat ne me parait convaincant ", "je veux manifester mon mécontentement " et "cela ne changera rien".

"Je ne me reconnais pas dans la guerre que se font les candidats"

Pour donner un visage à ces abstentionnistes, RMC a rencontré Samah, enseignante dans un collège de Seine-Saint-Denis. Elle fait partie de ceux qui se disent las de la politique, et avoue hésiter aujourd'hui à voter pour la présidentielle, alors qu'elle a toujours participé aux élections jusqu'à maintenant. "Franchement, quand je regarde les personnes qui se présentent, j'ai juste l'impression que c'est une bataille, une guerre déclarée, et que ce n'est qu'une question de pouvoir. Je ne me reconnais pas là-dedans", explique-t-elle.

"Les politiques ont oublié les banlieues"

Surtout, Samah a l'impression que les discours des candidats sont loin de la réalité qu'elle vit quotidiennement avec ses élèves de banlieue.

"J'entends parfois certains discours des élèves qui penchent vers le jihadisme. Quand on entend ça, on pense qu'il y a un vrai problème. Mais les politiques ont oublié les banlieues et c'est une grosse erreur: ils sont en train de créer des monstres et je ne pense pas que ça va changer", prévient la jeune femme.

Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean Jaurès, prévient: "La question qui se pose est de savoir si ces abstentionnistes seront toujours 32% le jour du scrutin. De la réponse à cette question dépend pour partie le rapport de force du premier tour". Aux candidats d'intéresser de nouveau ces indécis d'ici le 23 avril.

P. Gril avec Romain Poisot