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Taxer davantage les héritages? "Injuste et contre-productif car on détruit l'envie de réussir"

Louis Sarkozy le 20 octobre 2025 sur RMC

Louis Sarkozy le 20 octobre 2025 sur RMC - RMC

VOIX DE DROITE. Yaël Braun-Pivet a dénoncé "ce truc qui vous tombe du ciel", plaidant pour "taxer davantage les héritages" dans le nouveau budget. Selon elle, la circulation des richesses entre générations "ne se fait pas bien" et "ce n’est pas sain". Louis Sarkozy n'est pas convaincu et explique pourquoi sur RMC.

Ce qui n’est pas sain, c’est ce réflexe français de croire que tout ce qui a été gagné honnêtement doit être repris, recyclé, redistribué. Non, un héritage, ce n’est pas un “truc qui tombe du ciel”. C’est le fruit d’une vie de travail, de risques, de responsabilité et parfois de sacrifices. C’est un père qui se lève à 6 h du matin pendant quarante ans pour qu’un jour, ses enfants aillent mieux que lui.

Les Français ne sont pas tous des rentiers de la vie publique, madame. Leur propriété n’est pas votre droit.

Si Yaël Braun-Pivet parle surtout des super-héritages, ceux des familles qui transmettent des fortunes de génération en génération, ce qu’elle oublie, c’est que la France taxe déjà bien davantage que la plupart de ses voisins. On est déjà champions du monde du fisc post-mortem !

Le paradoxe français : plus on taxe, plus on dépense, plus on s’endette

Chez nous, les droits de succession vont de 5 % à 45 %, après un abattement de 100.000 €. En Allemagne, cet abattement est de 390 000 € ; en Italie, il atteint près d’un million.

Résultat : nos impôts sur les successions rapportent déjà beaucoup — les recettes ont doublé en dix ans, passant de 8 milliards d’euros en 2010 à près de 17 milliards aujourd’hui. Et malgré tout ça - miracle - la France reste en déficit. C’est ça, le paradoxe français : plus on taxe, plus on dépense, plus on s’endette.

La présidente de l’Assemblée, dit que “la circulation des richesses ne se fait pas bien”, que les mêmes patrimoines rebondissent de génération en génération. Elle parle d’égalité. Mais l’égalité ne doit pas être l’enfant de la jalousie. Ce n’est pas en brisant les ascenseurs qu’on aide ceux du rez-de-chaussée.

Voix de droite : "L'héritage ne tombe pas comme ça du ciel" - 20/10
Voix de droite : "L'héritage ne tombe pas comme ça du ciel" - 20/10
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Madame Braun-Pivet lèguera-t-elle le fruit de son travail à l’État ?

Quel en serait le résultat ? Aujourd’hui, les Français épargnent pour leurs enfants — quoi de plus noble ? Si vous confisquez l’héritage, vous incitez les Français non plus à transmettre, mais à dépenser. L’épargne, l’investissement dans l’avenir et dans l’enfant deviennent alors jeu, frivolité, ou pari au casino.

Mais les super-riches, eux, trouvent toujours des moyens d’échapper à l’impôt : montages, holdings, paradis fiscaux… Finalement, ce sont les classes moyennes qui paient. Les vrais “héritiers taxés”, ce ne sont pas les oligarques des beaux quartiers, mais Guillaume le livreur, Christophe l’agriculteur, Nadine et Émilien, ce couple qui a bossé toute sa vie pour laisser une maison à ses enfants.

Eux, on les force à vendre la maison familiale pour payer les droits. Ils paient en double, parfois en triple, ce qu’ils ont déjà payé en impôts toute leur vie. C’est injuste, et surtout, c’est contre-productif. Parce qu’on détruit l’envie de réussir.

87 % des Français souhaitent que cette taxation diminue. Et pourtant, nos dirigeants persistent à augmenter les impôts, comme s’ils versaient de l’essence dans un moteur qui fuit. L’État est un gouffre. Un trou noir budgétaire. La France est le seul pays au monde où plus l’État prélève, plus il s’endette.

Je remarque d’ailleurs que Madame Braun-Pivet a des enfants. Très bien. Peut-on s’attendre à ce qu’elle lègue le fruit de son travail à l’État ? Permettez-moi d’en douter. C’est toujours plus facile de se montrer généreux avec l’argent des autres.

Louis Sarkozy