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"Une icône d'extrême-droite": la Licra vise le rappeur Médine et accuse EELV et LFI de "clientélisme"

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Médine est accusé par la vice-présidente de la Licra, Galina Elbaz, d'être une "égérie de l'extrême-droite" après ses propos polémiques de la semaine dernière visant l'auteure Rachel Khan. Si le rappeur s'est ensuite excusé, Galina Elbaz estime sur RMC ce lundi que Médine reste dans une "ambiguité abjecte".

La venue du rappeur Médine aux journées d'été de Europe écologie-Les Verts (EELV) et de La France insoumise fait des vagues depuis le début de l'été. Cible de nombreux élus de droite et d'extrême-droite à qui il répond souvent avec véhémence sur les réseaux sociaux, Médine est accusé par ces derniers d'être un "islamiste".

Régulièrement, des élus RN s'opposent à la tenue de ses concerts dans leur ville ou leur circonscription, tandis que le rappeur considère comme un "honneur" d'être la cible de l'extrême-droite.

La polémique a enflé depuis jeudi dernier et la publication d'un tweet qui a même conduit la majorité présidentielle à se positionner sur la question. Le ministre de l'Industrie Roland Lescure a annoncé samedi qu'il renonçait à se rendre aux journées d'été d'EELV en raison de la présence du rappeur en raison d'un message, selon lui, de "nature antisémite", posté jeudi. "Son dernier tweet sur Rachel Khan est sans aucune ambiguïté de nature antisémite", assure-t-il dans Le Parisien.

Le rappeur traitait l'artiste et essayiste Rachel Khan, juive et petite-fille de déporté, de "resKHANpée", et la décrivait comme une personne "dérivant chez les social-traîtres et bouffant au sens propre à la table de l'extrême-droite". Le rappeur avait ensuite modéré ses propos dans un deuxième message dans lequel il s'excusait.

"La continuation d'une ambiguité abjecte" selon la Licra

Mais le mal est fait selon certains responsables publics. Galina Elbaz, avocate et vice-présidente de la Licra, estime qu'au contraire, c'est Médine qui aurait des amitiés avec l'extrême-droite.

"On est choqués par la venue de ce rappeur qui, à de multiples reprises, a eu des prises de positions antisémites, des propos homophobes et des amitiés plus que sulfureuses: des égéries d'extrême-droite comme Dieudonné ou Alain Soral", assure-t-elle sur RMC ce lundi 14 août, rappelant qu'il avait effectué dans le passé le geste controversé de la "quenelle", geste pour lequel il s'était excusé.

"De toute évidence c'est une icône non pas de la gauche mais de l'extrême-droite", juge Galina Elbaz de la Licra, estimant que l'extrême droite est "polymorphe", et qu'il existerait une "extrême-droite islamiste".

"Ce geste est décrit par Dieudonné comme anti-système, mais anti-système juif et sioniste, donc c'est un geste antisémite", juge-t-elle, soulignant également un lien -non avéré - avec les Frères musulmans. Un rapprochement qui avait valu à Nicolas Bay (ex-RN, Reconquête) une mise en examen pour diffamation en 2022.

"Médine c'est des amitiés aussi avec une mouvance 'frériste' en France, les Frères musulmans", estime Galina Elbaz (Licra).

"On est dans la continuation d'une ambiguité abjecte. Je pèse mes mots, on est dans le niveau de 'Durafour-crématoire' sorti par Jean-Marie Le Pen. Ce sont des jeux de mots épouvantables. Ce n'est pas acceptable", juge-t-elle.

Le parti-pris : Le rappeur Médine aux Journées d'été de LFI et EELV - 14/08
Le parti-pris : Le rappeur Médine aux Journées d'été de LFI et EELV - 14/08
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Galina Elbaz accuse EELV et LFI de "clientélisme"

La présidente de la Licra estime que les partis de gauche et d'extrême-gauche jouent sur cette ambiguité.

"Systématiquement à gauche et à l'extrême gauche, dans une certaine mouvance, certaines figures politiques vont à maintes reprises jouer avec ce mot de "rescapée". On avait vu les sorties de Mathilde Panot sur Elisabeth Borne... On s'inquiète de voir le glissement du propos antisémite qui joue sur les mots, qui joue sur les ambiguités pour ne pas être capté dans la poursuite judiciaire", témoigne-t-elle.

Elle vise Europe écologie-Les Verts et dénonce un "manque de formation" et un "manque de culture politique" concernant cette invitation. "C'est une faute morale et politique", dit-elle, accusant aussi La France insoumise d'avoir "largement dépassé le Rubicon" depuis plusieurs années. "Il y a une volonté peut-être de récupération politique et une forme de cliéntélisme politique".

"Aujourd'hui ces invitations sulfureuses font le jeu d'une forme d'extrême-droite", juge-t-elle.

Médine "n'a pas ouvert les yeux sur ses erreurs" selon Galina Elbaz, et estime que les excuses sont "trop faciles". "Je n'ai pas vu une seule prise de position de Médine en matière de lutte contre l'antisémitisme ou contre l'homophobie", lance-t-elle en guise de conclusion.

J.A.