Royal "prête" à prolonger de 10 ans les centrales nucléaires: "Une très mauvaise nouvelle"

Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie de l’Energie, chargée des relations internationales sur le climat, est "prête" à rallonger la durée de vie des centrales nucléaires de 10 ans en France, si l’Autorité de sûreté nucléaire est d’accord. Actuellement, les centrales nucléaires ont une durée de vie maximum de 40 ans, elle pourrait donc passer à 50 ans. Ce qui, affirme Ségolène Royal, ne remettrait pas en cause l’objectif fixé par la Loi de Transition énergétique (LTE): passer de 75% à 50% la part du nucléaire dans la transition énergétique en 2025.
L'annonce de la ministre a été immédiatement critiquée par Europe Ecologie-Les Verts. Ce lundi sur RMC, David Cormand, son secrétaire national par intérim, était très remonté à ce sujet. "C'est une très mauvaise nouvelle, affirme-t-il. On constate qu'en matière de stratégie énergétique notre pays est en panne. Le gouvernement s'y prend très mal pour pouvoir initier comme il se doit la transition énergétique".
"40 ans que l'on ment aux Français"
Alors que Ségolène Royal a indiqué que l'allongement de la durée de vie des centrales nucléaires allait permettre de faire baisser le prix de l'électricité, David Cormand s'est emporté: "Cela fait quarante ans que l'on ment aux Français sur le coût du nucléaire ! On leur a expliqué pendant des années que c'était un truc génial et pas cher et ensuite on leur a dit que finalement ce n'était pas si bon marché que cela. La réalité c'est que le prix du méga watt par heure (MWh) est de 120 euros alors qu'il n'est que de 80 euros le MWh pour de l'éolien. Donc le mythe de dire que le nucléaire est moins cher s'effondre".
"Prolonger des centrales en fin de vie, c'est non seulement très cher mais c'est aussi très dangereux, ajoute encore le secrétaire national par intérim. La Cour des comptes, et non pas EELV, estime que rénover les centrales nucléaires coûterait 100 milliards d'euros. Or comme le coût du nucléaire est très élevé on va renier sur le coût de la sécurité. Aujourd'hui la France se retrouve en première ligne dans le risque d'accident nucléaire majeur".
"Repréciser la loi sur le gaz de schiste"
Ce dimanche, Ségolène Royal a aussi assuré "qu'il n'y aura pas d'attribution de permis de gaz de schiste" dans l'Hexagone et que "la sécurité juridique des interdictions" sera renforcée. Pour rappel, en 2011, la loi Jacob a interdit la technique d'extraction par fracturation hydraulique, mais pas la "recherche". Fin janvier, la justice a réattribué à Total un permis de recherches à Montélimar (Drôme), ravivant la colère des opposants.
Une bonne nouvelle pour David Cormand même si celui-ci nuance: "C'est bien de le dire mais maintenant il faut le faire. Le problème c'est que cette loi est trop vague. Il y a un piège dans cette loi car il n'existe pas d'autre système que la fracturation hydraulique. Il faut donc repréciser la loi pour dire que TOUTE extraction d'hydrocarbures non conventionnels doit être interdite". Et d'ajouter, résigné: "Dès la nomination de Manuel Valls, nous avons compris que l'écologie, pour ce gouvernement, c'était fini".