Algues vertes: le combat de riverains qui réclament aux autorités de publier les données de toxicité
Le site est magnifique. Mais un panneau refroidit tout de suite l'atmosphère, interdisant l'accès aux promeneurs. "Attention danger à proximité". Tout ça à cause des algues vertes, liées principalement aux activités agricoles, qui sont déposées sur la plage par la marée.
Elles pourrissent et lorsqu'elles se putréfient, elles dégagent ce qu'on appelle de l'hydrogène sulfuré. Un gaz dangereux soupçonné d'avoir entraîné ces dernières année la mort des plusieurs animaux, mais aussi d'un joggeur et d'un ramasseur d'algues en Bretagne.
"Ça me fait peur, je cours moins de ce côté-là"
Les autorités ont donc fermé l'accès à la plage. Mais les riverains ne sont pas rassurés pour autant.
"De temps en temps, on se lève le matin et il y a un super lever de soleil, et finalement c'est gâché par cette odeur lourde, pesante. Je suis sportif. Des fois, j'ai mal à la tête, je me dis que c'est l'effort mais on ne sait pas trop en fait. Je ne pense pas que ce soit très sain", regrette Nicolas.
"C'est une catastrophe, renchérit Philippe. Ça me fait peur, je cours moins de ce côté-là, j'ai peur des émanations toxiques tout simplement. On aimerait bien avoir quelques informations."
"Nous demandons que les résultats de ces mesures puissent être accessibles en temps réel et connus du public"
Evidemment, ce qu'ils aimeraient, ces habitants, c'est qu'il n'y ait plus d'algues vertes. Et ils s'inquiètent de la dangerosité des algues, des conséquences potentielles sur leur santé. Ils veulent savoir quelle est la concentration d'hydrogène sulfuré dans l'air qu'ils respirent. Et c'est aussi ce que demande Annie Le Guillou, co-présidente de l'association "Halte aux marées vertes".
"Des capteurs sont posés pour mesurer l'hydrogène sulfuré en quatre points du littoral et nous n'en avions aucune connaissance. Ça a été demandé et financé par l'agglomération de Saint-Brieuc. Alors, aujourd'hui, nous demandons que les résultats de ces mesures puissent être accessibles en temps réel et connus du public."
L'association a écrit une lettre ouverte au président de l'agglomération, au préfet et à l'Agence régionale de santé. Techniquement, ce serait totalement possible d'avoir accès aux données en direct. L'association qui mesure la qualité de l'air "Air Breizh" est d'accord pour publier ces mesures d'hydrogène sulfuré, comme elle le fait pour d'autres polluants tous les jours.
"On ne peut pas donner de données brutes, telles qu'elles sont"
Mais les élus, les autorités, bloquent. "Nous ne souhaitons pas publier d'informations qui ne sont ni interprétées, ni consolidées, explique Laurence Mahé, en charge de la question des algues vertes au sein de l'agglomération. On a besoin que ces données soient consolidées pour qu'elles puissent être transmises à la population, mais de façon journalière on ne peut pas le faire. On ne le souhaite car les informations ne sont ni interprétées, ni consolidées. On ne peut pas donner de données brutes, telles qu'elles sont. On pourrait envisager une lecture des données une fois par mois par exemple."
On a peut-être là un début d'engagement pour une publication mensuelle des résultats, même si évidemment, ce que souhaitent les habitants, c'est savoir la concentration de polluants dans l'air qu'ils respirent tous les jours.
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