Corse-du-Sud: un cargo s'échoue au cœur de la réserve naturelle de Bonifacio

Le cargo échoué près de Bonifacio, le 13 octobre 2019 - PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
Un cargo transportant des bobines d'acier s'est échoué dans la nuit de samedi à dimanche en plein cœur de la réserve naturelle de Bonifacio (Corse-du-Sud) en dépit des appels répétés des garde-côtes, un accident qui n'a pas entraîné de pollution dans l'immédiat.
Dimanche vers 03h00, le Rhodanus, battant pavillon d'Antigua-et-Barbuda (Antilles), avec à son bord sept membres d'équipage, devait pénétrer dans les bouches de Bonifacio. "Mais il n'a pas viré à temps et a poursuivi sa route vers la côte, en dépit des appels répétés du Centre opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) en Corse, du sémaphore de Pertusato et de la station italienne Maddalena pendant près de 50 minutes", selon la préfecture maritime.
"Tout le monde est sain et sauf. Le risque que l'on doit dorénavant gérer, c'est que ce navire reprenne la mer sans qu'il n'y ait de pollution", a assuré ) l'AFP le maire de Bonifacio Jean-Charles Orsucci (LREM). Posé sur le fond, le Rhodanus n'a pas de gîte (il reste droit, ndlr) et "aucune pollution n'est constatée", a aussi assuré la préfecture maritime.
"Le navire se trouve en plein milieu des archipels de la réserve naturelle des bouches de Bonifacio, dans une zone de protection renforcée, très sensible du point de vue environnemental. Il n'aurait jamais dû se trouver là. Nous restons très vigilants", a toutefois souligné le directeur de la réserve, Jean-Michel Culioli, qui se trouvait sur place.
Une zone particulièrement vulnérable
Situées entre la Corse et la Sardaigne, les bouches de Bonifacio s'étendent sur 80.000 hectares. En 2011, le détroit a été reconnu par l'Organisation maritime internationale comme Zone maritime particulièrement vulnérable (ZMPV).
Le remorqueur d'intervention, d'assistance et de sauvetage Abeille Flandre et le bâtiment de soutien, d'assistance et de dépollution Jason ont appareillé de Toulon. Des moyens italiens ont également été sollicités. Un arrêté a été pris pour interdire la navigation et les activités nautiques dans un rayon de 1.000 mètres autour du navire.
Construit en 1998, le navire transporte 2.650 tonnes de bobines d'acier. Il est parti "du port italien de Tarente et devait rejoindre lundi Port-Saint-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône)", selon la préfecture maritime.
Le pilote s'est-il endormi ?
"Des gendarmes sont à bord pour savoir ce qui s'est passé", a-t-elle ajouté, en confirmant que le navire avait déjà rencontré des difficultés en 2010 à Porto-Vecchio. Selon Corse-Matin, les "garde-côtes sardes avaient tenté d'alerter le commandement mais le pilote s'était endormi". "Le pire avait été évité par un changement de cap à 500 mètres avant l'impact annoncé", relate le journal.
"Il faut sûrement encore renforcer la surveillance dans le canal de Corse avec, pourquoi pas, un système de pilotage (un pilote habilité monte à bord), parce que cet incident nous ramène à un risque majeur de pollution, qui pourrait être terrible pour toute la Corse", a estimé le maire.