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EPR à Flamanville: EDF va pouvoir mettre en service son nouveau réacteur nucléaire, avec 12 ans de retard

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L'épilogue d'un long feuilleton: le gendarme du nucléaire français a donné mardi 7 mai 2024 son feu vert à la mise en service du réacteur de nouvelle génération EPR de Flamanville en Normandie, une étape clé pour le lancement progressif de la production d'électricité prévu au cours de l'été, douze ans après le calendrier prévu.

L’autorité de sûreté nucléaire a donné mardi 7 mai 2024 son feu vert pour la mise en service du premier réacteur EPR. Il devrait entrer en service cet été avec 12 ans de retard. Depuis des années, les médias parlent de l’EPR de Flamanville en Normandie que pour annoncer des problèmes et des retards.

Et finalement, pour la première fois, le gendarme du nucléaire a appris la nouvelle: elle autorise EDF à charger le combustible dans le réacteur. Les spécialistes disent “charger les carottes dans l’autocuiseur”. Ce qui va permettre très vite de produire de l'électricité. D’abord tout doucement sous forme d’essais, puis, à l’été, la centrale sera raccordée au réseau. Et si tout se passe bien, à la fin de l’année, elle sera opérationnelle.

De nombreux problèmes

La mise en service était, au départ, prévue en 2012. C’est un projet franco-allemand lancé en 1989, il y a 35 ans. Les allemands se sont retirés en 1998 parce que le nucléaire n’avait plus bonne presse chez eux. Les français de framatome et d’EDF ont continué tout seuls.

Le chantier a été lancé en 2004: il devait durer 8 ans, il en a duré 20. Les ennuis techniques se sont accumulés, avec des problème de soudure, des problèmes sur la cuve, des problèmes de l’acier du couvercle… Et les coûts ont explosé. L'EPR devrait coûter 3,3 milliards d’euros, il en a coûté plus de 13, quatre fois plus.

Et encore, la cour des comptes a contesté ce chiffre et estimé que le coût réel était de 19 milliards. Alors que le coût moyen des centrales précédentes était d’un milliard et demi. Flamanville n’est pas une centrale, mais un gouffre sans fond…

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Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Enfin la fin du feuilleton de l'EPR de Flamanville - 08/05
3:27

Comment expliquer cette dérive?

La faute à pas de chance, l'accumulation de petits problèmes, pas si grave mais long à résoudre, mais aussi et surtout un manque de personnel compétent. La France a construit toutes ces centrales nucléaires entre les années 60 et les années 90. Et ensuite, on a laissé la filière en sommeil. Les ingénieurs et les techniciens sont partis. Il a fallu réembaucher et reformer des spécialistes, cela a pris beaucoup de temps. En 2022, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Levy l’avait expliqué en dénonçant les incohérences de la politique gouvernementale. Ce qui lui avait valu d'être viré.

Mais alors, quelle est la différence entre cette centrale et les précédentes? En réalité, l’EPR n’est pas vraiment révolutionnaire. C’est une centrale à eau pressurisée, comme les précédentes. EPR, ce sont les initiales de “Réacteur Européen Pressurisé”, mais anglais (European Pressurized Reactor).

Pour faire simple, la fusion nucléaire produit une chaleur qui transforme l’eau en vapeur, la vapeur fait tourner des turbines, les turbines produisent de l'électricité. Ce n’est pas nouveau. L’EPR sera un peu plus puissant que les centrales précédentes, mais pas tant que ça.

La différence entre Flamanville et toutes les centrales de deuxième génération, c'est essentiellement le niveau de sécurité. Pour les salariés, comme pour les riverains. C’était le cahier des charges, rendre le nucléaire beaucoup plus sûr. Y compris en cas de guerre ou d’attaque terroriste…

Quel avenir pour cette technologie?

Les futurs EPR seront moins chers et plus faciles à construire. La France en a commandé 6 pour des mises en service d'ici à 2050. À plus long terme, EDF envisage d’en construire jusqu'à deux par an, en France et à l’étranger. Le programme français ira peut-être jusqu'à 18 réacteurs… Le nucléaire français se projette dans un avenir “rayonnant”. Il ne reste plus qu'à inaugurer la première centrale depuis plus de 20 ans.

Nicolas Poincaré (édité par C.A.)