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"Expliquez-nous": qui sont les nouveaux maires écologistes de Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Tours, Poitiers ou Annecy ?

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Certaines des plus grandes villes de France vont être dirigées par des hommes et des femmes qui étaient de parfait inconnus jusqu'à présent.

C’est le nouveau maire de Lyon: Gregory Doucet est totalement nouveau en politique. Il n’a jamais eu aucun mandat. Les membres de son équipe, et déjà une partie des Lyonnais parle de lui en l’appelant Greg. Alors que personne n’a jamais appelé Gérard Colomb, Gégé. 

Tout ca pour dire qu’il prend un fauteuil qui a toujours été occupé par des notables, des hommes de réseaux et des animaux politiques, d’Edouard Herriot à Gérard Collomb en passant par Raymond Barre et Michel Noir. Bref, il y a du changement dans la capitale des Gaules. Comme un petit air de révolution. 

Le nouveau Maire de Lyon n’est pas lyonnais. Il a grandi aux Ulis en banlieue parisienne. Jusqu’à dimanche, il était un travailleur humanitaire. Expatrié quatre ans aux Philippines, deux ans au Népal, il connaît l'extrême pauvreté et l’enfer sur terre que sont les bidonvilles de Manilles. Il est venu à Lyon parce que c’est le siège de Handicap International. Il a été directeur des opérations en Afrique pour cette organisation. C’est à Lyon qu’il a adhéré à Europe Écologie Les Verts. En pensant très vite que son parti pouvait conquérir la mairie. À 46 ans, il vient de gagner son pari. 

Le nouveau maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, en revanche n’est pas un néophyte en politique. C’est un persévérant, puisqu'il s’est présenté pour la première fois à la mairie de Bordeaux en 1995. Et à toutes les municipales suivantes. Quatre échecs avant ce succès inattendu. Alain Juppé l’ancien maire, l’appelait le “Vert de service” et le prenait un peu de haut. Il a 65 ans, c’est un avocat qui a défendu Noël Mamère, José Bové et les faucheurs de culture OGM, mais aussi le chanteur Bertrand Cantat. Il veut réduire la place de la voiture à Bordeaux et obtenir un moratoire sur l'implantation des antennes-relais pour le téléphone 5G. Son adversaire Philippe Poutou, ancien candidat NPA à la présidence de la République l’appelle le Catho Basque, et le traite de bourgeois.

Il répond qu’il est effectivement Basque, Catholique et Bourgeois. C’est un homme très convenable, mais un véritable militant écolo qui va diriger l’une des villes les plus conservatrices de France. Qui était à droite depuis 73 ans. 

Trois femmes ont également créé la surprise à Strasbourg, Besançon et Poitiers. À Strasbourg Jeanne Barseghian n’était pas favorite du tout. Elle a 39 ans, c’est une spécialiste du droit de l'environnement, elle est conseillère en écologie pour la région et la métropole. Elle connaît les dossiers. Elle parle l’allemand et l'arménien. Le soir de la victoire, elle a présenté aux militants son compagnon qui est allemand. Ce qui est un signe à Strasbourg l’une des capitales européennes.

À Besançon, Anne Vignot, 60 ans, sera la première femme a dirigé la ville. Fille d’ouvrier, elle a grandi dans une cité de Dole. Elle a fait toute sa carrière au CNRS en empruntant l’ascenseur social : entrée comme technicienne, elle est devenue ingénieur. Bref une scientifique écolo. Qui a un vélo, mais pas de voiture.

À Poitiers, Léonore Moncond’hui sera elle aussi la première femme, maire de cette ville. Elle vient d’avoir 30 ans. Elle a un parcours assez court forcément, mais marqué par l’engagement. C’est une ancienne scoute unioniste protestante, elle a fait son service civique, Erasmus en Italie et Science po à Paris. Et en apprenant son élection elle a dit “c’est un truc de ouf…”

Quid de Marseille ?

Dans cette série de victoire écologiste, Marseille est un cas à part… D’abord, parce que l’on ne sait pas qui sera maire samedi. Michèle Rubirola est arrivée en tête dimanche mais elle n’a pas la majorité absolue au Conseil municipal. Son adversaire Martine Vassal n’a pas renoncé à la battre au troisième tour. Un cas à part aussi parce que Michèle Rubirola a été exclue d’Europe-Ecologie les Verts parce qu’elle a préféré se présenter sur une liste d’union de la gauche. Les écolos peuvent maintenant difficilement revendiquer cette victoire. 

En tous cas si elle devait l’emporter, c’est une femme a fort caractère qui s’installerait dans le bureau de Jean-Claude Gaudin. Une médecin, petite fille d'émigrés italiens et espagnol, fille de communiste, issue des quartiers nord et qui y a fait toute sa carrière de médecin, spécialiste de prévention. Une féministe, militante associative, aussi préoccupé par le social que par le climat. 

Mais malgré la conquête de toutes ces villes, on ne peut pas vraiment parler d’une vague verte aux municipales. Les écolos vont diriger huit ou neuf, grandes, ou très grandes villes. Toutes celles qu’on vient de citer plus Annecy, Tours, et Colombe. Plus Grenoble qu’ils avaient déjà. Mais c’est tout. Pas d’autre victoire notable dans des plus petites villes et encore moins à la campagne. L’écologie est un vote urbain. 

Nicolas Poincaré