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Extractions minières: l'Europe veut relancer sa production

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La Commission européenne a annoncé son intention de relancer son secteur minier. Elle a identifié 47 projets stratégiques d'extraction et de raffinage.

Au nord c'étaient les Corons, chantait Pierre Bachelet. Même si on pense au XIXème siècle et à Germinal lorsqu'on parle de mines, c'est bien du futur dont il s'agit. En effet, l'Europe veut relancer son industrie minière.

Téléphones portables, ordinateurs, batteries de voitures électriques, ou encore l’industrie de l’armement relancée… Tous nécessitent, non pas du charbon, mais des métaux rares.

La Commission européenne a identifié 47 projets stratégiques d’extraction et de raffinage. L'Europe veut forer, extraire, raffiner et tenter de se défaire de sa dépendance à la Chine.

Dépendance à la Chine

Car la Chine dispose de terres rares, plus de 60 % des réserves mondiales. Elle raffine 85% de ce que le monde consomme. Lithium, magnésium, gallium, germanium, graphite, et bien d'autres. Mais "le lithium chinois ne sera pas le gaz russe de demain", assure Stéphane Séjourné, le Commissaire Européen chargé de la Stratégie industrielle.

Pour concrétiser ce "projet stratégique", la Commission européenne va fixer des quotas. Désormais, chacun va s’astreindre à consommer européen, mais pour ça, encore faut-il produire. Pour cela, Bruxelles veut réduire les délais pour obtenir les autorisations légales. Stéphane Séjourné affirme qu’il faut dix ans, aujourd’hui, pour ouvrir une mine. L’objectif est de réduire ce délai à 2 ans.

Des produits chimiques

Mais ce grand projet est-il bien écologique ? La réponse est complexe. Creuser dans le sol et raffiner n’est pas anodin. Un kilo de granit français donne 9 grammes de lithium... Pourtant ces terres ne sont pas si rares, mais elles sont dispersées dans le sol.

Alors on utilise de l’eau, des produits chimiques en quantité et personne ne souhaite de cela chez lui. D'autant plus que les mines sont aussi des nuisances pour les riverains : bruit, fissures dans le sol, etc.

Toutefois, deux éléments équilibrent la balance. Tout d'abord, la commission s’engage à ce que seules les mines plus propres qu'auparavant puissent ouvrir. Et puis c'est précisément pour la transition énergétique comme ces minerais sont nécessaires : pour les batteries électriques, les ampoules basse consommation ou l’éolien offshore...

Enfin, maîtriser la chaîne de production, c’est aussi maîtriser le recyclage à la fin de vie de tous ces objets du quotidien dont personne n'est encore prêt à se passer. Machine à café, brosse à dents électrique, téléphone portable... et la liste est longue.

Des projets en France

Parmi les annonces de la Commission Européenne, huit projets tricolores. Un projet d’extraction de lithium dans l’Allier par exemple, ou encore en Alsace, où un autre projet pourrait voir le jour.

La France pourrait aussi accueillir des usines de raffinage et de recyclage, comme à Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques. Dès 2026, y seront recyclées 2.000 tonnes d’aimants par an, pour produire 800 tonnes de terres rares utiles à la fabrication de batteries.

Toutefois, ces décisions ne sont pas sans lien avec les ambitions américaines de Donald Trump, qui manœuvre pour la paix avec la Russie parce qu’il convoite le minerai de l'Ukraine.

Les terres sont aussi l'objet de la convoitise du président pour le Groenland. "Il va nous falloir" prendre possession du Groenland a dit Donald Trump. "Nous l’aurons d’une manière ou d’une autre", a-t-il affirmé au Congrès américain.

Le sous-sol du Groenland regorge de fer, de nickel, de cobalt, d’or… 12 à 25% des réserves de terre rare de la planète. Les tensions internationales poussent chacune des puissances à sécuriser son approvisionnement.

Matthieu Belliard avec LAM