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Faut-il instaurer une taxe au kilomètre sur tous les produits pour favoriser les circuits-courts? Ça fait débat sur RMC

Les circuits-courts sont déjà privilégiés par les Français. Notamment grâce à l'émergence du bio. Actuellement près de trois-quarts des Français consomment du bio de façon régulière.

C’est une demande de plus en plus forte: les Français sont très en demande de circuits courts. Et notamment ceux qui consomment bio. L’agence bio vient d’ailleurs de publier son rapport annuel. Désormais, près de trois quarts des Français consomment bio régulièrement. Et parmi eux, 8 sur 10 privilégient les produits locaux, issu directement des producteurs.

Mais les circuits courts ne concernent pas que le bio. Circuit court, veut dire acheter directement chez le fabricant ou bien acheter en magasin, mais avec un seul intermédiaire entre le fabricant et le consommateur.

La France est la championne d’Europe des circuits courts et notamment grâce aux Amap, ces associations qui organisent des distributions de paniers de fruits, de légumes, de viande, de poisson une ou plusieurs fois par semaines. Tout est produit localement. Il y en a plus de 2000 en France. Elles sont particulièrement implantées en Ile-de-France, Pays de la Loire et Rhône-Alpes et elles profitent à plus de 320.000 Français. C’est beaucoup plus que partout ailleurs en Europe, c’est 10 fois plus qu’en Allemagne ou en Italie.

Mais ce sont des initiatives citoyennes. Il manque un réel engagement de l’Etat pour favoriser ces circuits courts. Alors cette idée de taxer les produits au kilomètre est une évidence pour Hélène Binet, porte-parole de "La Ruche qui dit oui", un réseau d’achat direct aux producteurs. 

"Quand on achète en circuit court, c’est avantageux pour le consommateur par ce qu’il va avoir des produits plus frais, qui n’ont pas voyagé. Et sur un plan financier, c’est très avantageux pour le producteur puisqu’il va valoriser son produit qu’en circuit long. Un tiers des agriculteurs gagnent moins de 350 euros par mois, en circuit court c’est beaucoup plus. C’est un peu le retour au bon sens", explique-t-elle. 

Plus avantageux pour les grandes entreprises

L’une des applications concrètes pourrait être la mise en place d’une taxe carbone aux frontières. Chaque produit importé en France serait taxé en fonction du nombre de kilomètres qu’il a parcouru. Mais attention à la fausse bonne idée dit l’économiste Erwann Tison, directeur des études de l’Institut Sapiens. 

"Ca va surtout profiter aux géants du numérique, Amazon en tête, parce qu'eux seront en capacité d’absorber le surcoût lié à la taxe alors que les petites entreprises ne pourront pas se permettre d’absorber ce coût-là et qui répercuteront le prix sur le consommateur. Donc, du coup, vous aurez pour un même produit, deux prix différends, un avec la taxe qui sera répercutée par la petite entreprise et un prix sans la taxe. Donc cette taxe-là, qui peut paraître comme une bonne solution, pénalisera toujours les petites entreprises", affirme-t-il. 

D’ailleurs, le Sénat a voté à l’unanimité en juin dernier une taxe sur les produits livrés à domicile. Entre 1 et 2% du prix s’ils voyagent plus de 50km. L’idée était de favoriser le commerce proximité et sanctionner Amazon. Mais la proposition de loi n’est jamais arrivée jusqu’à l’Assemblée nationale.

Matthieu Rouault avec Guillaume Descours