Incinérateur d'Ivry: des taux de dioxines inquiétants aux portes de Paris
Des "concentrations record" de dioxines ont été enregistrées à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), près de Paris, à proximité du plus grand incinérateur d'Europe. C'est ce que révèle une étude des chercheurs de la fondation ToxicoWatch, une ONG néerlandaise, commandée par le collectif écologique 3R (Réduire, réutiliser, recycler).
Les environs de l'incinérateur contiendraient des concentrations de dioxines parmi les plus importantes d'Europe. Ces substances peuvent notamment provoquer des problèmes reproducteurs ou des cancers en cas d'exposition prolongée. Cet incinérateur situé aux portes de Paris brûle les déchets de quinze communes, soit 730.000 tonnes d'ordures par an.
"Le lien entre l'incinérateur et les analyses de dioxines faites n'est pas établi en particulier", a réagi le Syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères, qui gère l'incinérateur.
Des prélèvements ont été effectués sur des oeufs, des feuillages, des mousses à 2 km autour de l'incinérateur. A chaque fois, les niveaux de dioxines étaient largement supérieurs au normes sanitaires. Les oeufs de poules, qui y ont été élevées en plein air, "devraient être retirés du marché européen s'ils avaient été produits pour y être mis" explique l'ONG ToxicoWatch.
"Je trouve particulièrement choquant ce niveau de non-information"
Des donnés qui inquiètent les riverains. Kris vit a quelques centaines de mètres de l'usine. Elle voit la grande cheminée de son balcon et s'inquiète des conséquences de cette pollution sur la santé de sa famille.
"Par exemple, moi, je cultive des tomates sur ma terrasse, est-ce qu'elles sont propres à la consommation? Il y a une école à côté, je trouve particulièrement choquant ce niveau de non-information. C'est dangereux, mais pas dangereux. Comment se comporter?"
"La prochaine étape serait de se faire faire des analyses de sang spécifiques"
Le Syndicat qui gère l’incinérateur répond que les taux de dioxyne sont conformes à la réglementation. Mais Anne Conann, fondatrice du collectif 3R qui a commandé l'étude, n'est pas dupe.
"Il y a beaucoup d'arrêts et de redémarrages des fours, qui à chaque fois se traduisent par des odeurs âcres. On a en fait une pollution spécifique."
Pour l'instant, il n'y a pas de lien direct établi entre l'incinérateur et la pollution mais Anne Connan compte aller plus loin pour que la vérité éclate. "La prochaine étape serait de se faire faire des analyses de sang spécifiques", selon elle.
En attendant, elle demande plus de transparence sur les mesures effectuées à la sortie de l'incinérateur et un réel plan pour sortir définitivement de l'incinération des déchets. Aujourd'hui, l'usine brûle 100 tonnes d'ordures ménagères chaque heure.
Le maire d'Ivry Philippe Bouyssou a indiqué qu'il souhaitait "qu'un Conseil syndical extraordinaire soit organisé au plus vite" par le gestionnaire de l'incinérateur pour "permettre à l'ensemble des élus d'acter les mesures opérationnelles qui seraient à prendre".