J'ai abandonné mon chien. On m'a traité comme une m..., c'est un fardeau que je porterai à vie

Un chien dans un refuge de la SPA à Gennevilliers, en 2007 - M.BUREAU/AFP
Sabine, 46 ans, assistante dans l'administration.
"J’ai fait l’acquisition d’un berger allemand, et quand il a grandi, j’ai eu beau l’emmener faire des leçons de dressage, il s’est avéré que c’était un chien qui faisait énormément de bêtises. Il cassait tout, il a fini par me mordre aussi. En plus j’ai appris que je faisais un cancer, j’étais très fatigué, avec deux enfants en bas âge. La solution ultime c’était de l’abandonner.
"On me l’a pris en me disant que j’étais une mauvaise personne"
Je me suis rendue à la SPA en expliquant ma situation. C’est quand même un animal pour lequel j’avais de l’affection, on l’a gardé six ou sept mois. On me l’a pris, mais en me disant que j’étais une mauvaise personne. Pour eux c’était un geste déplorable. Ça a été super dur. Parce que je ne l’abandonnais pas de gaieté de cœur, c’était une obligation. Je n’avais pas d’autre issue.
Plus tard, j’ai demandé à avoir des nouvelles de l’animal, s’il avait trouvé un nouveau maître. On m’a répondu 'non, et de toute façon vous l’abandonnez, vous n'êtes qu’une merde, donc vous n’aurez aucune nouvelle'. Ça n’a pas été un acte facile à faire, et en plus on m'en remettait une couche.
"Il y a quand même une différence avec jeter ses chats dans les toilettes"
J'avais essayé d’éduquer mon chien. Pendant que certains abandonnent leur animal comme on jette un chewing-gum au coin de la rue. Mais ce n'est pas un acte anodin pour tout le monde. Il y a quand même une différence avec jeter ses chats dans les toilettes.
J’y pense toujours à ce chien. Je ne regrette pas, mais je ne l’ai dit à personne. J’avais honte de mon geste. Avoir un animal, ce n’est pas comme un enfant mais c’est un engagement quand même. Aujourd’hui, ce n’est pas que j’assume – ce n’est pas un joli acte – mais si je l’ai fait c’est parce que je me sentais dans l’obligation de le faire.
Quand je vois des campagnes contre l’abandon, ça me touche énormément. Il ne se passe pas un mois sans que j’y pense. Comme quelqu’un qui aurait renversé une personne, c’est un fardeau que je porterai à vie".