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La France championne du monde du climat: vérité ou mensonge?

Le gouvernement s’est félicité dimanche d’avoir dépassé ses objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre en 2019, l’opposition l’accuse de mensonge.

Tout commence par un triomphe. Un triomphe largement relayé sur les réseaux sociaux et dans les médias: une interview de la ministre de l’environnement au JDD et un tweet d’Emmanuel Macron lui-même. La France serait la championne du climat, nos efforts à tous seraient en train de payer.

Dans le détail, le gouvernement se targue d’avoir fait baisser les émissions de gaz à effets de serre de 1,7% entre 2018 et 2019, l’objectif était fixé à 1,5, c’est donc mieux. “La France a tenu ses engagements climatiques”, dit Barbara Pompili. “L’écologie du concret et du progrès porte ses fruits", renchérit Emmanuel Macron.

Pourtant, l’opposition accuse le gouvernement de mensonge, d’avoir en quelque sorte monté de toute pièce ce triomphe. Nos objectifs annuels de réduction d’émission sont établis par ce que l’on appelle la SNBC, c’est la stratégie nationale bas carbone. Un plan sur le long terme pour permettre à la France d’honorer sa promesse climatique d’ici 2050. À l’origine, pour 2019, la baisse devait être de 2,3%. Au-dessus, donc, des 1,7% auxquels on est arrivé. Mais début 2020, la SNBC a été révisée, corrigée, et c’est le chiffre d’1,5% qui a été retenu. En clair, ce que dit l’opposition, c’est que le gouvernement a volontairement baissé la barre pour pouvoir passer au-dessus.

Un positionnement pour 2022?

Si le gouvernement communique sur cette victoire, c’est qu’il en a besoin politiquement. Pour cette semaine et pour l’année prochaine. Mercredi sera présenté le projet de loi issu de la convention citoyenne sur le climat, alors que la France vient tout juste d’être condamnée par le tribunal administratif de Paris, précisément pour ne pas avoir tenu ses engagements climatiques. Ça fait mauvais genre.

Et puis évidemment, il y a 2022. Les derniers sondages montrent qu’une alliance entre les socialistes et les écologistes pèserait jusqu’à 17% des intentions de vote. Emmanuel Macron a donc besoin de se verdir pour espérer rester à l’Elysée.

Louis Amar