Le retour du plastique dans les cantines scolaires: “c’est une mauvaise décision”

Le plastique, c’était fantastique. Ça a même été la solution à tout: pratique, pas cher et déclinable à l’infini. Depuis, on sait que ça détruit la planète et que c’est surtout dangereux pour la santé. Le plastique, c’était le monde d’hier. Y revenir, c’est une régression.
Cette obsession du plastique est-elle récente?
Il faut distinguer deux plastiques: celui qu’on fabrique, c’est-à-dire le nôtre, et celui qu’on trouve dans la nature, ce qu’on appelle les matières plastiques (végétales). Ces matières plastiques étaient déjà utilisées dans les sociétés antiques pour des objets du quotidien. Les romains faisaient fondre des carapaces de tortue, qui contiennent des matières plastiques. Les Égyptiens, eux, utilisaient de la colle à base de gélatine d’os.
Et beaucoup plus surprenant: les Mayas utilisaient la sève d’une plante qu’on appelle l’hévéa, c’est-à-dire l’arbre à caoutchouc. Avec cette matière, ils fabriquaient des balles, avec lesquelles ils jouaient. Et un des premiers Européens à jouer avec ces balles en caoutchouc, c’est Christophe Colomb, quand il a découvert l’Amérique.
La matière arrive en Europe un peu plus tard. Au XIXe, on commence à fabriquer du plastique artificielle, et on s’en sert pour faire, entre autres, des pellicules de films. Et dans les années 1920, on synthétise des plastiques issues du pétrole. Là ça va révolutionner le marché et envahir les foyers: ustensiles, meubles, outils. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est aussi utilisé par les armées. Le jour du débarquement, les parachutes de GI étaient en partie fait de plastique.
Une nouvelle façon d’aménager son intérieur…
À partir des années 1960, le plastique devient la matière star des designers. Ça va remplacer des matériaux plus chers, comme le bois ou le verre. Les meubles en plastique, colorés, avec des formes improbables, remplissent les maisons. C’est le fameux style sixties. Pour tout le monde, c’est synonyme de modernité et d’élégance. Bref, le plastique, c’est chic. Et dans les années 1980 et 1990, le plastique envahit la planète.
Mais aussi les océans. En 1997, on découvre en plein océan pacifique ce qu’on appelle le “7e continent”. 1,7 million de kilomètres carrés de déchets plastiques en pleine mer: plus de trois fois la taille de la France. Un désastre écologique qui a réveillé tout le monde. Le problème du plastique, c’est que c’était devenu bien plus qu’une matière, mais un mode de vie. Donc ce qu’il faut changer, c’est nous-même, et comme d’habitude, c’est le plus dur.