Les huîtres menacées par le changement climatique ?

L’observatoire européen Copernicus annonce avoir mesuré un nouveau record mondial de température à la surface des océans cette semaine, avec 20,96°C en moyenne. Un réchauffement global des océans qui a un impact réel et durable sur les écosystèmes marins, déjà visibles par les professionnels de la mer sur les côtes françaises.
C'est Patrick Bouchet, les huîtres sont bien présentes sur les tables. Producteur et restaurateur, il constate toutefois une plus grande mortalité de ses huîtres "de profondeurs": "elles ont été impactées à hauteur de 50%, à une période où il y a eu un réchauffement assez fort", explique-t-il.
Cette surmortalité est liée directement à ces canicules marines qui font diminuer l’oxygène dans l’eau et favorisent le développement de bactéries qui rendent les huitres plus vulnérables aux virus naturellement présent l’eau.
"Depuis une quinzaine d'années, il y a une bactérie qui, entre 17° C et 24°C, va proliférer de manière assez importante et qui peut bien sûr va fragiliser les huitres", raconte le producteur.
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Un manque d'oxygène à cause des canicules
Une température anormalement élevée de l’eau joue aussi sur la période de reproduction qui arrive plus tôt. Ce sont autant de changements qui poussent les producteurs à s’adapter car, Patrick Bouchet, l'explique, l'ostréiculteur est "dépendant de la culture: si on n'a plus d'huîtres à vendre, nous aussi, on disparaît."
"On est pour ainsi dire un peu le gardien pour ce milieu sain. Parce que tant qu'il y aura des producteurs, il y aura une surveillance plus accrue au niveau de ces lagunes. C'est pour ça qu'il faut impérativement qu'on puisse aussi s'adapter, corriger certaines choses par rapport à ce que la nature nous impose, de manière que les lagunes continuent à vivre le plus longtemps possible avec nous", juge-t-il.
En Méditerranée, on parle de canicule lorsque la température de l’eau dépasse les normales de saison pendant au moins cinq jours. "C'est inquiétant parce qu'en fait, ces canicule marines provoquent pour les espèces exactement les mêmes conséquences que les canicules terrestres" explique Elodie Martini-Cousty, responsable océans, mers et littoraux à France Nature environnement.
"On a un manque d'oxygène de l'eau de mer qui fait qu'il y a beaucoup d'espèces souffrent, des poissons meurent et des espèces aquacoles ou ostréicoles peuvent subir des mortalités importantes", raconte-t-elle.
Selon elle, la meilleure façon d’éviter ces canicules à l’avenir est de limiter nos émissions de gazs à effet de serre.