Cyclone Chido à Mayotte: "J'ai tout perdu", les habitants décrivent une île détruite

Mayotte a été frappée de plein fouet par le cyclone Chido. Les rafales observées sur l’ensemble du territoire ont dépassé les 225 km/h et ont provoqué des dégâts considérables, dans le département le plus pauvre de France.
L'œil du cyclone ayant quitté l'Île, les conditions météorologiques s’améliorent depuis samedi après-midi. Le niveau d’alerte a été abaissé de violet à rouge mais il s’agit d’une catastrophe d’une ampleur inédite pour Mayotte depuis plus de 90 ans. Selon Météo France, il faut probablement remonter au cyclone du 18 février 1934 pour retrouver un impact aussi violent sur le département.
Un bilan de 11 morts selon le maire de Mamoudzou
Pour l'instant le bilan fait état de deux morts, mais il est loin d'être définitif. Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila, évoque 11 personnes décédées. Le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, parle d'une "situation dramatique". Il "faudra sans doute des jours" pour "affiner" le bilan humain estime-t-il.
À Mayotte, l'habitat précaire dans lequel loge près d'un tiers de la population, est "complètement détruit". Le systême de santé, lui aussi, est gravement touché. "Le centre hospitalier de Mayotte a subi d'importants dégâts matériels", selon la ministre démissionnaire de la Santé Geneviève Darrieussecq.
Des habitants dévastés
Sur place, les habitants sont dévastés. "J'ai tout perdu", déplore Bruno, gérant d'un hôtel balayé par les vents en moins d'une heure et demi. "Je ne sais pas si vous imaginez un hôtel où il n'y a plus rien dedans. Tout s'est effondré."
"On ne peut plus exploiter donc on va mettre tout le personnel au chômage technique. Je ne sais plus où je vais, j'ai l'impression d'être un zombie. J'ai l'impression de vivre un cauchemar", insiste Bruno.
La situation est aussi catastrophique dans Kaweni, que certains surnomment "le plus grand bidonville de Mayotte". Daoud habite sur la colline qui surplombe cette zone. "Tous les toits de tolle qu'il y avait, ça a tout rasé", décrit-il avec la voix brisée par la fatigue après avoir vu les maisons de son quartier s'effondrer comme un château de cartes.
"C'est des habitats insalubres, il y avait des foyers, il y avait des familles qui y habitaient. Tout s'est envolé, il n'y a quasiment plus rien", ajoute-il avec effroi.
Le constat est amer, les mots manquent. La situation laisse aussi présager d'importantes difficultés d'approvisionnement en eau, alors même que l'archipel est déjà soumis à des coupures. Des renforts pour la sécurité civile sont attendus à Mayotte: 800 personnes et du matériel médical, le tout envoyé en cinq vagues successives jusqu'à mercredi.