"J'ai découvert que des gens avaient fouillé ma maison inondée": la détresse de Sylvie dans le Var

Elle vit au rythme des évacuations. Mais celle-ci sera sans aucun doute la dernière. Sylvie, 50 ans, ne veut plus vivre à Roquebrune-sur-Argens, dans le Var.
Le département a été durement frappé par les intempéries depuis le début du mois d'octobre. A certains endroits, il est tombé mercredi l’équivalent d’un mois de pluie. Les sols encore gorgés d'eau n’ont pas permis d’absorber les pluies diluviennes des derniers jours, provoquant de nombreuses inondations.
Sylvie rêve aujourd'hui de déménager: en retournant chez elle, elle a découvert, en plus des inondations, que sa maison de plein-pied avait été pillée: "J'y suis retournée deux fois. La première pour laver du linge et la boue ne part même pas. Et la deuxième, j'ai découvert que ma maison avait été fouillée par des gens, les placards étaient ouverts, on m'a volé des choses".
A Roquebrune, le fleuve l’Argens est monté jusqu’à 5m93, débordant sur les routes. L'accès au village, déjà durement touché par des crues en 2010, 2011 et 2014, a été coupé.
La quinquagénaire ne rêve plus que de partir, loin.
"Je suis SDF! Je suis hébergée chez un ami jusqu'à la fin de la semaine parce qu'il n'est pas là mais je n'ai plus de logement, je n'ai plus rien. Je languis qu'on me trouve un appartement, que je récupère mes chats que j'ai laissé dans un mobil-home et que je refasse ma vie. Je ne veux plus voir ça. Roquebrune, il ne faut plus m'en parler, je ne veux plus y habiter" déplore-t-elle.
"Il y avait de la boue, des feuilles..."
Un sentiment que partage la famille Jonot: l’eau est montée de 80 cm et s’est infiltrée partout dans la maison, malgré des travaux pour lutter contre les inondations. Sur les façades de la maison: des fissures et des traces de moisissures. "On a 4 bouches d'égouts pour que ça s'évacue, on a surélevé la piscine, on a bloqué le garage et on ne peut même plus y rentrer" confie Thamara.
La jeune fille, au milieu de sa chambre envahie par des radiateurs pour tenter de sécher les murs, témoigne de l'odeur qui l'empêche de dormir: "Il y avait de la boue, des feuilles... Toutes les fosses sceptiques ont dû monter".
La jeune femme de 17 ans soutient Renée, sa grand-mère désemparée: "Je suis une Varoise, je suis née à Fréjus, mais là, je n'en peux plus, je suis au bout du rouleau. Il faut tout refaire pour vendre cette maison. On va la brader! Ce ne sont pas de gens d'ici qui vont acheter dans le quartier, même si ici on n'est pas en zone rouge".
Des dégâts dans la maison mais aussi dans le restaurant de Pierre-Gilles, le grand-père. Il réclame depuis des années des travaux à la ville, en vain. "Pour prendre l'argent, ils sont forts mais pour en donner, ça c'est autre chose. On a des salariés, et c'est la seule chose qui nous fait tenir" soupire-t-il, la gorge serrée. Pour son seul restaurant, il table sur 5.000 à 7.000 euros de pertes.