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"On commence le printemps de façon bancale": la sécheresse inquiète dans certaines régions

Les Alpes-Maritimes ont déjà activé une alerte sécheresse depuis le 10 mars, alors que les niveaux des nappes phréatiques sont des plus en plus inquiétants année après année dans plusieurs régions de France.

"Notre maison brûle mais nous regardons ailleurs". Si on peut se réjouir de l'arrivée du beau temps, les températures clémentes et les faibles pluies depuis le début de l'année font que certaines régions s'inquiètent déjà de la sécheresse.

La préfecture des Alpes-Maritimes a décidé de passer le département en vigilance sécheresse dès le 10 mars. Une décision prise alors que les débits des cours d’eau sont proches des seuils d’alerte, et que les prévisions à venir annoncent la poursuite de températures élevées sans pluviométrie conséquente.

"Les régions les plus touchées sont les Alpes, les Bouches-du-Rhône, la Provence, jusque dans les Alpes-Maritimes. Mais aussi le Grand Est et toute la zone du Poitou-Charentes déjà touchée depuis plusieurs années", détaille Emma Haziza, hydrologue, sur RMC ce vendredi matin. "On commence le printemps de façon bancale", souligne-t-elle, alors que "les déficits en eau sont importants" après "un hiver avec du beau temps, mais pas assez de pluviométrie".

L'arrosage des jardins déjà interdit dans certaines communes

Pour l’instant, la préfecture des Alpes-Maritimes incite seulement usagers et gestionnaires à réaliser des économies d’eau. Mais localement, certaines communes vont plus loin. Par exemple, la commune de Touët-sur-Var a publié un arrêté préfectoral le 11 mars dernier interdisant la vidange et le remplissage des piscines, ainsi que l'arrosage des jardins, le lavage des véhicules, l'arrosage agricole, entre 9h et 19h, le nettoyage des terrasses, des rues, des trottoirs.

Il n’est en effet tombé ces derniers mois que 240 à 470 mm de précipitations, soit un manque de 40 % à 60 % par rapport à la normale. Cette année, le mois de janvier a même été le plus ensoleillé jamais enregistré à Nice depuis que Météo-France opère des relevés.

"Il y a toujours un risque d'inondation à partir du moment où vous avez un sol extrêmement sec"

Les quinze prochains jours sont décisifs et tout le monde attend la pluie. Mais le mois d'avril s'annonce déjà chaud et sec, tous les voyants sont donc au rouge.

"Au printemps, les pluies qui pénètrent vont servir directement à la reprise végétale et ne vont donc pas rejoindre les nappes phréatiques, ainsi les réserves souterraines vont rester déficitaires", décrypte l'hydrologue Emma Haziza.

Mais il ne faut pas forcément souhaiter l'arrivée de fortes pluies pour autant, car la sécheresse peut favoriser les inondations. "Il y a toujours un risque d'inondation à partir du moment où vous avez un sol extrêmement sec", confirme Emma Haziza.

Un phénomène qui empire?

On peut avoir l'impression qu'avec le réchauffement climatique, les choses ne font qu'empirer année après année. Et c'est vérifiable dans les chiffres.

"Actuellement, tout est en train de s'accélérer car on est toujours en train de battre des records historiques. On avait une variabilité naturelle du climat, mais on est en train de sortir de ce cadre. On entre dans une nouvelle ère", selon Emma Haziza. Un changement climatique inquiétant et qui semble inéluctable.

J.A.