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Colère des agriculteurs: "Ne pas être les boucs émissaires du chaos à l'Assemblée", dit la FNSEA

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L'examen de la proposition de loi agricole dite Duplomb pourrait ne pas aller à son terme en raison des nombreux amendements déposés par LFI et écologistes. Les agriculteurs, favorables au texte, vont manifester lundi devant le palais Bourbon. "On a besoin de cette boîte à outils", explique sur RMC le vice-président de la FNSEA, Luc Smessaert.

Les agriculteurs vont manifester lundi devant l'Assemblée nationale, où doit débuter l'examen de la proposition de loi visant à "lever les contraintes" pour leur profession et favorisant l'accès à des pesticides, à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA).

"Une manifestation symbolique avec des tracteurs en provenance de toutes les régions. Les agriculteurs seront présents dès 8h du matin, tant que les débats dureront, pour échanger avec les députés et expliquer avec des éléments simples et concrets. On a besoin de cette boite à outils", détaille ce dimanche sur RMC le vice-président de la FNSEA, Luc Smessaert. "Entre 150 et 200 agriculteurs", a précisé le président Arnaud Rousseau la veille dans un entretien avec Midi Libre.

"Dès lundi matin, JA et la FNSEA seront devant l'Assemblée nationale" pour "exprimer le refus"  de ce qu'ils considèrent comme une tentative d'"obstruction" du texte par les députés LFI et Ecologistes, lesquels ont déposé des centaines d'amendements, ont indiqué les syndicats samedi dans un communiqué.

"Trahison et bien plus que ça"

"Malheureusement, il est aujourd'hui quasiment certain que la discussion de ce texte n'arrivera jamais à son terme", craignent la FNSEA et les JA, pour qui il y a "atteinte au débat démocratique" et "un mépris profond" pour les agriculteurs.

Environ 1.500 amendements ont été déposés par les écologistes et 800 par les insoumis, sur les 3.500 déposés, ce qui a incité les députés favorables au texte à déposer une motion de rejet pour contourner ce "mur d'amendements", a appris l'AFP samedi de sources parlementaires. "C'est de la trahison et bien plus que ça. Les écologistes et LFI font le choix d'abandonner l'agriculture française et d'importer notre alimentation", fustige Luc Smessaert.

Ceux qui sont contre le texte sont aussi "contre l'accord UE-Mercosur", ce qui constitue pour le vice-président de la FNSEA un paradoxe et une ironie. "Ils sont en train de condamner l'agriculture française."

"On ne peut pas être les boucs émissaires de ce chaos à l'Assemblée nationale, on a besoin que les députés prennent de la hauteur." Ceux qui sont contre le texte sont aussi "contre l'accord UE-Mercosur", ce qui constitue pour le vice-président de la FNSEA un paradoxe et une ironie. "Ils sont en train de condamner l'Agriculture française", déplore-t-il ce dimanche au micro d'Anaïs Matin.

La manifestation sera "encadrée, parce qu'on ne veut pas de dérapages", a assuré samedi Arnaud Rousseau, prévoyant parallèlement "plusieurs milliers d'agriculteurs mobilisés en région, où les fédérations départementales, à leur initiative, ont déjà entrepris des actions ces derniers jours". Le texte est considéré comme "vital" par la FNSEA car il répond, selon le syndicat, aux attentes des exploitants après la crise de l'an dernier.

"Il faut qu'on laisse la science et a technologie avancer"

Mais il a fait l'objet, selon le syndicat, d'un "détricotage" en commission: devant la commission du Développement durable, la proposition a subi un important revers, avec la suppression d'un article ouvrant la voie à des dérogations environnementales pour certains projets de prélèvements et stockage d'eau. "Il est, pour nous, essentiel de revenir sur les amendements qui ont été validés en commission du développement durable", a réitéré M. Rousseau dans Midi Libre.

"Des minorités très organisées qui sont capables de bloquer le pays. Il faut qu'on laisse la science et la technologie avancer, on ne fera pas n'importe quoi, on aime ce qu'on produit", considère Luc Smessaert.

L'invité du jour : Luc Smessaert - 25/05
L'invité du jour : Luc Smessaert - 25/05
8:21

Sur le terrain, écrits au feutre noir, sur des bâches blanches, les slogans d'Audrey Chantepie sont prêts. La maraîchère les a rédigés sur des palettes, qu'elle fixera à l'avant et à l'arrière de son tracteur. "On ne demande pas de privilèges, juste l'égalité entre les pays européens...", rappelle-t-elle.

"Actions coups de poing régulières dans le temps"

Déjà mobilisée en 2024, l'agricultrice veut faire pression sur les députés pour qu'ils assouplissent la réglementation sur l'irrigation et les pesticides, une question de survie estime-t-elle. "On n'a pas le droit d'épandre des pesticides à 200m des maisons. Je perds les 3/4 de ma superficie. C'est invivable."

Il faut s'attendre à une très forte mobilisation, estime Guillaume Moret, président de la FDSEA Ile-de-France. Son syndicat et les Jeunes Agriculteurs envisagent déjà un mouvement à durée indéterminée si le texte n'est pas voté. "On va voir quelle forme cela prend mais cela peut être un turn-over ou des petites actions coup de poing mais régulières dans le temps. Les attentes sont fortes, les agriculteurs ne s'arrêteront pas", prévient-il auprès de RMC.

Léo Manson et Delphine Schiltz