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OBJECTIF TERRE - Trump vs Biden: quels enjeux pour l'environnement?

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OBJECTIF TERRE - L’élection américaine pourrait avoir des répercussions énormes sur toute la planète. L'environnement est en effet un des sujets qui divise le plus les deux candidats.

D’un côté on a Joe Biden avec une promesse majeure: arriver à 0% d’émission de gaz à effet de serre d’ici 2050. Pour ça, il compte mettre sur la table 2.000 milliards de dollars sur 4 ans. Si le projet aboutit, Joe Biden deviendrait le premier chef d’Etat américain à prendre des mesures aussi radicales pour combattre le changement climatique. Mais pour le moment ce n’est qu'un projet, une promesse de campagne, avec un objectif encore très lointain.

D’un autre côté, on a Donald Trump, qui assume totalement d’être climatosceptique. Pour lui l’activité humaine ne joue pas vraiment de rôle dans le changement climatique, donc il n’y a pas de raison de le combattre. En témoigne une floppée de déclarations lunaires ces quatre dernières années (voir vidéo ci-dessus).

Trump est revenu sur près d’une centaine de lois de protection de l’environnement durant son mandat

L'objectif de Donald Trump est simple: plaire à ses électeurs, et d’abord aux producteurs d’énergies fossiles, aux agriculteurs, aux grandes entreprises. Tous ceux pour qui les lois environnementales représentent une contrainte. Il faut savoir que la plupart des personnes qui ont des postes à l’écologie dans l’administration Trump travaillaient avant dans le pétrole, le gaz, le charbon, l’agriculture. Comme Scott Pruitt, climatosceptique nommé dès 2016 à la tête de l'EPA, l'agence américaine de protection de l'environnement, remplacé en 2018 par Andrew Wheeler, ancien lobbyiste du charbon.

Le but de Donald Trump est de permettre aux pollueurs de continuer à polluer librement. Pour ça, depuis le début de son mandat, il est revenu sur près d’une centaine de lois de protection de l’environnement, et il ne compte pas s’arrêter là.

Aux USA les mentalités changent (doucement)

Pourtant, même aux Etats Unis les mentalités changent. Les deux tiers des électeurs se disent maintenant préoccupés par le réchauffement climatique, selon une enquête menée par des chercheurs de l’Université de Yale. Les récents événements météorologiques font qu’il est de plus en plus difficile de nier l’évidence.

Rien que cette année, les Etats Unis ont dû faire face à des ouragans extrêmement violents, des feux de forêts ou encore des chaleurs record.

Au final, si Joe Biden l’emporte, les Etats Unis reviendraient dans l’accord de Paris, et ils y occuperaient même un rôle de premier plan. Ce ne sera évidemment pas le cas si Donald Trump est réelu. La question de l’environnement devrait alors dormir au fond d’un tiroir quatre ans de plus.

Pourquoi Trump se moque-t-il de l'environnement?

- Soufian Alsabbagh, spécialiste du parti républicain US, auteur, et professeur de géopolitique à New York :

"On se base sur des faits, des chiffres et des connaissances. Mais aujourd’hui il y a 47% des électeurs aux USA qui ne répondent plus du tout à ce genre de logique. Et c’est la position que Trump prend. Il essaye de vendre un mythe, une espèce d’histoire montée de toutes pièces, et la moitié des gens y croient.

Donc pourquoi Trump n’a pas d’intérêt à parler de l’environnement et d’en faire un argument de campagne, c’est que les électeurs ne connectent pas sur la réalité chiffrée qui est en face de nous, qui est qu’on est en train de foutre en l’air la planète. Ca ne connecte pas avec la légende, le rêve américain, l’Amérique industrielle qui a conquis le monde et a permis au pays de s’enrichir ces 120 dernières années.

Un sondage de cette semaine montre que deux tiers des électeurs sont d’accord avec le plan de Biden pour l’environnement. Donc Trump, de facto, part perdant (sur ce terrain), il sait que ses idées ne convainquent qu’un tiers des électeurs.

Il retourne le sujet de l’environnement en disant que pour lui, c’est d’avoir des paysages magnifiques. Donc il a investi des milliards pour la restauration des parcs, mais ça ne suffit pas.

Son discours très simpliste, très téléréalité, très spectaculaire, très showman... C’est une époque qui marche pour lui, c’est l’homme pour le moment, c’est pour ça qu’il a gagné en 2016 et qu’il garde un niveau de soutien aussi élevé dans certaines parties de l’électorat.

Le sujet de l’environnement, ici, on en parle très peu dans les médias. Personne n’est capable de donner le programme précis de Biden sur ce point. On est à un point de rupture entre deux parties d’un pays qui se détestent tellement que l’enjeu de cette élection est sur l’âme de ce pays, sur ce qu’on fait ensemble. Biden joue le rassembleur, unir le pays et essayer de soigner, refaire nation par obligation avant même de s’intéresser à quelque problématique de campagne que ce soit, dont l’environnement qui passe complètement à la trappe."

Recueilli par J.A.

James Abbott et Géraldine de Mori, avec Alexis Kynigopoulos