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"On est tout le temps à l’affût d’une sirène ou d’un bruit": un an après Lubrizol, les annonces du gouvernement ne convainquent pas les habitants

Les habitants du Petit-Quevilly, voisins de l'usine Lubrizol dénoncent un exercice de communication de la part du gouvernement évoquant des annonces toujours pas prêtes un an après l'incendie.

Un an après l'incendie de l'usine Lubrizol près de Rouen, le gouvernement dévoile un plan de route pour éviter que ce genre de grave accident ne se reproduise. Un système d'alerte par téléphone doit être mis en place d'ici 2022 partout en France. Les responsables des sites Seveso devront également être plus transparent dans l'inventaire des produits stockés. Des exercices de prévention devront aussi être mis en place chaque année.

Mais pour l'instant ces mesures ont du mal à convaincre les voisins de l'usine: "Ce ne sont que des annonces dont on ne verra jamais la couleur", déplore Dominique qui pense à déménager loin du site Seveso depuis l'incendie. "Si on avait les moyens de partir de Quevilly on partirait", déplore-t-elle.

D'autres habitants sont cependant un peu moins sévères. Stéphane par exemple est rassuré par le système d'alerte par SMS, lui qui avait été réveillé en sursaut par les explosions la nuit de l'incendie: "Ça nous rassure un peu parce que l'on va être plus prévenus mais ce n'est pas ça qui va nous aider à oublier".

"C'est un déni pour les populations"

Car si les odeurs se sont atténuées, le traumatisme demeure chez ce père de famille, qui vit à 400m de l'usine Lubrizol: "On est tout le temps à l'affût d'une sirène ou d'un bruit. Il y a eu un accident il y a quelques jours qui a fait beaucoup de bruit et on a tout de suite pensé à l'usine".

Et ils sont nombreux à ressentir la même chose dans le quartier. Alors si ces annonces vont dans le bon sens, le gouvernement est loin du compte regrette le président de l'association Rouen Respire, Pierre Emmanuel Brunet: "C'est un déni pour les populations. Nous réclamons l'instauration d'un registre pour les malformations congénitales mais aussi les cancers. Ça se sont des choses concrètes qui n'ont pas été annoncées". Il déplore aussi que parmi les mesures annoncées jeudi, aucune ne soit encore prête, un an après l'incendie.

Martin Bourdin (avec Guillaume Dussourt)