Pollution de l'eau du robinet près de La Rochelle: une plainte déposée "face à l'inaction des services de l'Etat"
De l'eau rejetée dans la nature en très grande quantité. Le 17 janvier dernier, Franck Rinchet-Girollet, de l’association Avenir Santé Environnement, se promène à vélo au milieu des champs, sur la commune de Clavette, près de La Rochelle. Il est alors témoin d’un important rejet d'eau dans la nature. Il filme la scène et interpelle les autorités, notamment la Communauté de communes et l'Agence régionale de santé. Conclusion : l'eau est hautement contaminée avec du chlortoluron, un herbicide classé cancérogène probable par l'Union Européenne. La concentration est alors 130 fois supérieure à la limite réglementaire.
A la suite de cette alerte, les habitants découvrent qu'ils ont bu cette eau polluée pendant au moins 11 jours, avant que les autorités sanitaires décident de déconnecter le captage du réseau. Pourquoi un tel délai ? Au mois d'août, RMC avait réussi à joindre Philippe Jumel, le directeur du laboratoire Qualyse, chargé d'analyser l'eau : "Ce qu'il s'est passé, c'est que les résultats ont semblé tellement aberrant qu'on a refait des analyses, pour être sûrs. La question c'est : est-ce qu'on accuse le thermomètre, ou est-ce qu'on cherche l'abruti qui a balancé ça dans la nature ? Vous avez raison de chercher la vérité, c'est scandaleux", avait-t-il déclaré.
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Une prévalence de cancers chez les jeunes d'une commune touchée?
Près d'un an après l'épisode de pollution, les questions demeurent, et le ou les responsables de la pollution sont toujours inconnus. La préfecture de La Rochelle, contactée à de nombreuses reprises, n'a jamais répondu aux sollicitations de RMC concernant l'enquête censée être menée. Deux associations, Nature Environnement 17 et Avenir Santé Environnement, ont donc décidé de porter plainte. "Face à la gravité des faits, et constatant l’inaction des différents services de l’Etat et acteurs de la gestion de l’eau, nos associations ont déposé une plainte contre X ce 10 décembre 2021 pour ces faits de pollution de l’eau", peut-on lire dans leur communiqué.
La révélation de l'épisode de pollution avait provoqué l'inquiétude de la population, particulièrement chez les parents d'enfants malades de Saint-Rogatien, une commune de 2.200 habitants où six jeunes ont développé des cancers entre 2009 et 2018. En 2019, une étude financée par la Ligue contre le cancer 17 concluait qu'un "excès de risque ne pouvait être écarté pour les 0-24 ans". Depuis, les parents s'interrogent sur la qualité de l'air qu'ils respirent, et de l'eau qu'ils boivent. "On voudrait des réponses", avait confié à RMC Nathalie Brion, la maman de Pauline, décédée à l'âge de 15 ans des suites d'une leucémie et d'un lymphome: "Les oncologues de Poitiers suspectent une cause environnementale, peut-être les pesticides. Donc on voudrait savoir".
Les associations espèrent que la justice apportera, enfin, des réponses: "Nous souhaitons que ces investigations permettent de remonter à l’origine de cette pollution. (...) Cet épisode est extrêmement préoccupant, et constitue un risque majeur pour la santé humaine et environnementale".
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