Tout comprendre des tensions entre Emmanuel Macron et la convention citoyenne pour le climat
Le Président avait besoin de rétablir le contact avec ces 150 citoyens tirés au sort parce que la majorité d’entre eux se sentaient trahis et qu’ils commençaient à le faire savoir.
Cyril Dion, le cinéaste écrivain qui est à l'origine de cette convention et qui en est le garant a lancé une pétition qui a recueilli 400.000 signatures. Il accuse le Président de ne pas respecter sa parole, de détricoter le travail de la convention.
Dans son interview à Brut la semaine dernière, Emmanuel Macron s’est montré très énervé par ces critiques. Sans le nommer, il a traité Cyril Dion d’activiste, de caricature, voire de fainéant. Il a jugé que les propositions de la convention ce n’était pas la bible ou le coran. Bref on était en train d'assister à un divorce.
Comment tout cela a commencé
Tout vient des "gilets jaunes" et de leur rejet de la taxe carbone, le refus d’une mesure écologiste et une crise de la démocratie. Cyril Dion, cinéaste écolo, rencontre alors Emmanuel Macron à l’Elysée avec l’actrice Marion Cotillard et il lui apporte la solution: la convention citoyenne sur le climat.
Solution parfaite. Un exercice démocratique inédit pour répondre aux "gilets jaunes" et en même temps, l’élaboration d’un programme ambitieux sur l’environnement. Une pierre deux coups. Bingo.
Aussitôt dit aussitôt fait : les 150 citoyens sont tirés au sort parmi des volontaires. Ils travaillent. Proposent 149 mesures, et Emmanuel Macron les valide presque toutes. Il promet en juin dernier de les transmettre sans filtre, au gouvernement, au parlement.
De sérieuses modifications
Sauf que finalement certaines de ces mesures ont été sérieusement corrigées. Et parmi les plus importantes. Comme le moratoire sur la 5G qui n’est pas retenu “parce qu’on ne va pas revenir au temps de la lampe à huile”.
La convention voulait rendre obligatoire des travaux de rénovation pour les logements mal isolés. Finalement ce n’est pas tranché mais ça ne devrait être obligatoire que pour les propriétaires qui louent. Pas pour ceux qui habitent leur logement. Ça change tout.
Autre exemple. Une taxe de 10 euros par kilo pour les voitures lourdes au-dessus de 1,4 tonne, avait proposé la convention. Finalement ce ne sera qu'au-dessus de 1,8. Ça change tout. Dans le premier cas, 25% des voitures étaient taxées, au-dessus d’une tonne 8 ce n’est plus que 1,7%.
Dernier exemple. La convention voulait interdire les liaisons aériennes lorsque l’on peut faire le même trajet en train en moins de quatre heures. Finalement, ce sera 2h30. Ça change tout. Dans le premier cas, il n’y a plus de Paris-Marseille, ni de Paris-Bordeaux. Dans le deuxième cas, les Marseillais et les Bordelais peuvent encore venir à Paris en avion s’ils le souhaitent.
Lundi soir, Emmanuel Macron a justifié ces changements
Il a expliqué qu’il fallait que toutes les mesures soient acceptées par les Français. Donc ne pas être trop radical. Il a aussi évoqué la crise du Covid-19 qui a plongé la France dans la crise et changé la donne économiquement.
Enfin devant les citoyens de la convention il a expliqué que nous avons des institutions, un gouvernement, un parlement qui ont leur mot à dire, qui doivent tenir leur rôle.
Ce qui est tout à fait compréhensible. Sauf qu’au printemps ces citoyens avaient bien entendu que leurs propositions seraient transmises sans filtre, alors que finalement elles ont été filtrées.
Mais Emmanuel Macron leur a tout de même réservé une annonce lundi soir. Il va proposer un référendum sur l'environnement. Il va proposer une modification de l’article un de la constitution. Pour que l’on ajoute un alinéa qui garantit la protection de l'environnement.
C’était une des demandes de la convention. Une des plus symboliques et sans doute la moins chère. Celle-là sera donc transmise sans filtre au parlement, qui décidera ou pas d’organiser un référendum.