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Un château bordelais lance le premier vin rock français: "C'est sûr, ce n'est pas l'habitude à Bordeaux"

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En France, le vin, ce sont des appellations, des domaines, des châteaux, des clos… dorénavant, il rime aussi avec métal. Stéphane Truchot, un fan de hard rock et de vin, vient de lancer trois cuvées aux noms évocateurs. Cocasse au pays du Bordeaux, mais tout ce qu'il y a de plus sérieux et de qualitatif, assure pour RMC.fr son créateur.

Stéphane Truchot, 42 ans, est le créateur (avec Philippe Carretero, vigneron-œnologue) de Musical Wines, qui produit et commercialise le vin rouge Wine Against The Machine (référence au groupe Rage Against The Machine), le vin blanc sec And Justice for Wine (pour l'album And Justice for All, de Metallica), et le vin doux Sweet Child O'Wine (pour la chanson Sweet Child O'Mine, de Gunes N'Roses). Le site a été mis en ligne le 10 décembre.

"Je suis guitariste et amateur de métal, et je suis aussi amateur de vin. J'avais déjà acheté des cuvés AC/DC, Pink Floyd ou Rolling Stones, qui sont des vins australiens ou californiens, pas forcément adaptés à nos palais. C'est compliqué de les importer et de les acheter en France, et ils ne sont pas terribles non plus. C'est comme ça que m'est venue l'idée de créer des cuvées rock pour nous, Français.

Il a fallu trouver un vigneron qui puisse répondre à ça, et je suis tombé par hasard sur Philippe Carretero, propriétaire du château Rioublanc (propriété en appellation Bordeaux contrôlée, du côté de Libourne - Saint-Emilion), sur un salon bio. Ce sont ses vignes qui servent à faire les trois cuvées de Musical Wines. Le feeling a été bon, et il a bien adhéré au projet. Je voulais absolument, par philosophie, travailler avec un vigneron bio. Sur le coup, il a trouvé ça loufoque, parce qu'on ne lui avait jamais fait une proposition de ce type. Mais il a été curieux et intéressé, il s'est dit que c'était un moyen, pour un petit producteur comme lui, de faire quelque chose de différent.

"Sur le coup, il a trouvé ça loufoque"

C'est sûr que ce n'est pas le style de Bordeaux. Déjà, j'ai eu du mal à trouver un viticulteur bio sur le bordelais. Ce n'est pas l'habitude de Bordeaux. Wine Against the machine, sur du bio à Bordeaux, je trouve ça sympa. Après, je ne fais pas ça pour embêter les domaines bordelais, mais plutôt pour faire un clin d'œil aux amoureux, comme moi, du rock et du métal.

Attention, ce n'est pas de la piquette ! Ce sont des vins qui sont médaillés: le blanc a été médaillé au concours agricole de Paris, au concours de Bordeaux et au concours des vins bio. Je veux garder cet esprit rock, collection, avec seulement 1.000 bouteilles par cuvée (1.000 blanc, 1.000 moelleux et 1.000 rouge).

"Pourquoi pas des cuvées reggae"

On les seuls à faire ça. Il y a quelques viticulteurs en Languedoc ou sur la Loire qui font des vins un peu décalés, avec des cuvées Thiéfaine dans le Jura ou Bertignac, dans le Languedoc. Mais il n'y a pas de vin 'rock' en France. Les premières cuvées sont hard rock, mais sur les prochaines cuvées, si ça marche bien, on ira vers d'autres styles de musique: vers du pop-rock avec Hendrix, Muse... Pourquoi pas des cuvées reggae? Si le hard-rock n'est pas la musique la plus à la mode en France, il y a quand même une grosse communauté métal, avec un esprit revival. On le voit avec des festivals comme le Hellfest ou le Download. C'est une communauté qui est très fan, qui est capable de dépenser beaucoup pour leur passion.

"Des disquaires m'appellent pour vendre mes vins"

J'ai d'ailleurs des très bons retours des premiers clients, il y en a même qui ne les boivent pas et qui les gardent comme collector. Il y a beaucoup de fans de hard rock qui ont mon âge, entre 35 et 45 ans, et qui ont vécu les années Metallica, Guns N'Roses (au début des années 90) qui buvaient beaucoup de bières quand ils avaient 20 ans, mais qui aujourd'hui boivent du vin. Des disquaires et des cavistes un peu rock m'appellent pour distribuer mes vins. Quant aux professionnels du vin, je n'ai pas eu de retour particulier, mais ça ne fait qu'un mois que j'ai commencé la commercialisation".

Propos recueillis par Philippe Gril