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Vers une fermeture de Marineland: "Ces dernières années, c'est un peu catastrophique"

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Le parc aquatique Marineland, à Antibes, qui met en scène des orques et des dauphins, projette une fermeture définitive dès le 5 janvier prochain au vu de la baisse de fréquentation au fil des années et des interdictions à venir de tels spectacles.

Après plus de 50 ans d'existence, le Marineland d'Antibes devrait bientôt fermer ses portes. C'est en tout cas ce qu'a annoncé ce mercredi sa direction, qui projette une fermeture définitive le 5 janvier prochain. La raison invoquée par la direction: l'interdiction des spectacles de cétacés d'ici 2026. "90% des visiteurs choisissent de venir à Marineland pour admirer les représentations d'orques et de dauphins", affirme le parc, qui fait aussi état de "graves difficultés économiques" en raison d'une chute continue de la fréquentation, passée en dix ans de 1,2 million à 425.000 visiteurs par an.

"La fermeture n'est absolument pas une surprise pour nous car nous suivons les infrastructures de Marineland depuis des années et nous avons vu qu'il n'y a pas de travaux d'entretien qui sont faits", explique ce jeudi sur RMC Muriel Arnal, présidente l'association de protection des animaux "One Voice".

Ces derniers mois, le parc est devenu tristement célèbre après le décès de deux orques, mais aussi pour les polémiques sur le transfert des deux orques restantes vers le Japon. Selon Marineland, ce projet de fermeture est "totalement décorrélé" de l'affaire du transfert des orques.

Aux Canaries, "quatre orques sont mortes en quatre ans"

Après le Japon, une hypothèse de transfert reste, vers un parc des Canaries (Espagne). Une solution décriée par les associations, qui auraient préféré un sanctuaire marin.

"Nous sommes opposés au transfert aux îles Canaries car c'est aussi un delphinarium. Là-bas, quatre orques sont mortes en quatre ans. Dans l'esprit de la loi de 2021, il faut des sanctuaires", explique-t-elle.

Ces sanctuaires prennent la forme de bras de mer fermés, dans lesquels les animaux peuvent être directement dans l'océan, plonger en profondeur, nager en ligne droite, et ainsi ne plus être enserrés dans des enclos.

"Ce sont les animaux les plus intelligents de la planète. Ils s'ennuient toute la journée car ils n'ont rien à faire", décrypte Muriel Arnal.

A Antibes, une page qui se tourne

Une page va donc se tourner pour ce parc qui a ouvert en 1970 et employait 103 salariés, dont l'avenir est aujourd'hui incertain. "Nous sommes désolés pour les employés, nous ne réjouissons pas de cette fermeture car elle se passe dans des conditions catastrophiques pour les humains et les animaux", explique Muriel Arnal.

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A Antibes, l'annonce de la fermeture du parc est parvenue jusqu'à un groupe de pêcheurs que nous avons croisés, qui ne seront pas tous forcément nostalgiques. "Quelque part, je suis un peu content parce que les poissons, leur vie, c'est dans l'océan pas, dans une piscine tout simplement", souligne l'un d'entre eux.

"Ça ne sert à rien de les faire mourir ailleurs"

Mais à côté de lui, Jean-Pierre n'est pas forcément du même avis. "Ça fait un moins pour la Côte d'Azur, ça fait quand même de l'emploi", note-t-il. "Ça va me manquer et ça faisait de l'emploi", renchérit Yves, qui était habitué.

"De toute façon, ils ne peuvent pas vivre ailleurs donc autant les garder ici, ça sert à rien de les faire mourir ailleurs", juge-t-il.

Un peu plus loin, Christelle nous explique avoir grandi avec ce parc, et regrette qu'il n'ait pas évolué avec son temps. "On a vu l'évolution du parc. Et ces dernières années, c'est un peu catastrophique. On n'y est retourné qu'une seule fois, c'est trop dur à voir après", dit-elle.

Marineland estime que la loi de 2021 met un clou dans le cercueil du parc. "L'équilibre économique du parc n'est plus garanti car nous enregistrons depuis plusieurs années une baisse des fréquentations, et la loi de 2021 a porté un coup fatal et nous contraint à envisager ce projet de fermeture à court terme", explique Pascal Picot, directeur général de Marineland.

Un plan de relocalisation est en cours pour savoir où placer les plus de 4.000 animaux du parc. "Il faut que le ministère et Marineland acceptent de discuter avec nous (les associations). En attendant, nous lutterons jusqu'au bout", affirme la présidente de One Voice, qui compte bien trouver la meilleure solution pour ces milliers de bêtes.

J.A.