À Mayotte, Macron dégaine l'opération "mur de fer" contre l'immigration illégale

Emmanuel Macron est en visite dans l’Océan Indien. Il vient de quitter Mayotte dévastée par le cyclone Chido il y a 4 mois où il a présenté un nouveau plan contre l’immigration illégale.
Ce plan, c'est l’Opération "mur de Fer". L’objectif du Président est très clair: freiner l’arrivée massive d’étrangers clandestins à Mayotte, confrontée à un défi migratoire. Près de la moitié de la population est étrangère. Une immigration venue essentiellement de l’archipel des Comores voisines, mais aussi depuis environ trois ans, du continent africain, de la région des Grands Lacs.
Ce rideau de fer doit donc aussi aider à stopper les barges venues du Burundi, du Rwanda, du Congo, de Somalie ou encore de Tanzanie.
"Cela consistera en le déploiement de radars et d'intercepteurs, d'une montée en puissance du GAO (groupe d'appui opérationnel), le partage d'intelligence avec les pays de la région et la création "d'une zone d'attente pour les immigrés en situation irrégulière'. Des objectifs, qui devraient être déployés d’ici à la fin de l’année pour que le plan produise ses effets début 2026", a détaillé Emmanuel Macron.
Avec cette opération, Emmanuel Macron veut atteindre le chiffre de 35.000 reconductions à la frontière contre environ 25.000 aujourd'hui.
Une première opération du même type au bilan mitigé
Ce n’est pas la première opération de ce type lancée à Mayotte. Il y a tout juste deux ans Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer avait lancé dans l’archipel l’opération dite "Wuambushu", "reprise en main" en mahorais. Plus de 1800 forces de l’ordre déployées contre la délinquance, pour détruire les bidonvilles et freiner là aussi l’immigration clandestine.
Le bilan avait était très mitigé, 700 bidonvilles détruits alors que l’objectif était d’un millier, et un nombre de reconduites à la frontière en 2023 quasiment similaire à l’an passé. Malgré tout, le ministre avait lancé l’opération Wuambushu 2. Le nouveau plan annoncé par le chef de l’Etat, le Mur de Fer, en est le prolongement explique à RMC l’Elysée.
Un projet de loi en plus
Cette opération, s’ajoute à un projet de loi qu’Emmanuel Macron est venu présenter à Mayotte, qui vise aussi notamment à réduire l’immigration illégale, après une loi d’urgence votée pour reconstruire l’archipel suite au passage du cyclone Chido. Ce nouveau texte de loi, dit de "refondation", vient d’être présenté lors d’un conseil des ministres.
Il y a un tout un volet pour réduire l’immigration clandestine à Mayotte: durcissement des conditions d’obtention d’un titre de séjour, extension de l’aide au retour volontaire, évacuation facilitée des habitats insalubres. Le Président promet que le texte sera voté avant l’été.
Les conditions du droit du sol restreintes
Un texte de loi très contesté a également été voté au début du mois pour restreindre les conditions du droit du sol à Mayotte: désormais, les parents étrangers qui souhaitent que leur enfant obtienne la nationalité française devront justifier d’une durée de séjour d’au moins un an sur le territoire français avant la naissance, contre trois mois aujourd’hui.
Si le Président s’empare de cette question, c’est aussi parce que c’est un sujet très politique. C'est la deuxième visite d’Emmanuel Macron sur l’archipel depuis le passage du cyclone, et il se sait très attendu sous pression. En décembre dernier, il avait notamment été accueilli par des habitants criant "Macron démission" sur un territoire largement acquis à Marine Le Pen, elle aussi venue à Mayotte en janvier dernier.
La leader du Rassemblement national avait obtenu plus de 59% des voix au second tour de la dernière élection présidentielle. "L’inaction" qu’elle dénonce à Mayotte pourrait même être pour elle un motif de censure du gouvernement.