"Acte V des gilets jaunes": par peur des casseurs, les commerçants parisiens se barricadent

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En prévision d’une nouveau "samedi noir", le préfet de police de Paris l'a annoncé: le dispositif policier dans la capitale sera "assez semblable" à celui de la semaine dernière.
Il y a aura donc encore dans les rues ce samedi, 8000 forces de l'ordre et 14 véhicules blindés légers de la gendarmerie. Samedi dernier, les dégâts matériels ont été très importants dans plusieurs quartiers de Paris.
Autour des Champs Elysées, certains établissements ont été systématiquement visés à chaque manifestation depuis un mois. C'est le cas notamment des banques mais aussi des bureaux-tabacs ou des supermarchés. Ce samedi encore, restaurants, hôtels et commerçants ont pris les devants pour se protéger.
"On ne sait pas quoi faire. Ni faire venir le personnel, ni nous-même, ni prévenir nos clients"
Le bruit des voitures autour des Champs-Elysées étaient vendredi soir couvert par un autre: celui des visseuses et des coups de marteaux. Hôtels, restaurants, boutiques, quasiment toutes les vitrines des rues et avenues dans ce secteur ont été recouvertes de palissade de bois.
Danielle Crouillebois a protégé son salon de coiffure et elle ne sait pas si elle pourra ouvrir et à quoi s'attendre ce samedi: "On ne sait pas quoi faire. Ni faire venir le personnel, ni nous-même, ni prévenir nos clients".
Une chose est sure, cette coiffeuse fermera son salon au moindre incident. Hors de question de revivre encore un samedi d'angoisse comme la semaine dernière: "C’était carrément devant chez nous. Dans ces cas-là, il faut se cacher, derrière les rideaux, dans les sous-sols. C’est très stressant".
"On ne reconnaît rien"
Juste en face, la pharmacienne a choisi de rester fermer. Chaque matin en venant au travail, elle n'en revient pas: "Il n’y a plus aucun arrêt de bus, plus un banc, plus une poubelle, il n’y a plus rien. On ne reconnaît rien".
Effectivement, après un mois de mobilisation des gilets jaunes, le quartier des Champs-Elysées ne ressemble plus à celui décrit dans les guides touristiques.
La mairie et la préfecture de police de Paris n'ont pas donné de consignes aux commerçants des alentours des Champs-Elysées. Beaucoup ont décidé de rester fermer ce samedi encore, mais certains ont choisi de travailler tout de même.
"Samedi, j’ai pleuré quand j’ai retrouvé mon salon"
Jean Saberny est coiffeur, samedi dernier son salon a été en partie dévasté mais ce matin il sera ouvert.
"On a décidé tous avec mon équipe d’être là et d’assurer une journée normale j’espère. Samedi, j’ai pleuré quand j’ai retrouvé mon salon parce qu’il était ouvert à la rue et ils ont lacéré les fauteuils. Il y avait beaucoup de pavés dans le salon. Ils ont abîmé les bacs à shampoing, vraiment pour abîmer. On a aussi envie de montrer qu’on est fort et que ça ne nous atteint pas tant que ça. Tant que c’est du matériel, que c’est de la casse, que c’est des bêtises, on passe outre et on continue à travailler et donner du bonheur aux gens en les coiffant".