"C'est honteux": sidération à Moulin-sous-Touvent, après la découverte de stèles juives dégradées

Le village de Moulin-sous-Touvent (Oise) est sous le choc après la découverte ce mercredi de dix stèles juives dégradées dans le cimetière de la commune. Certaines ont été brisées. Une enquête a été ouverte par le parquet de Compiègne.

Dix stèles juives ont été renversées et brisées dans le cimetière allemand de la Première Guerre mondiale à Moulin-sous-Touvent, dans l'Oise. La découverte de ces dégradations a été faite ce mercredi. Le parquet de Compiègne a ouvert une enquête pour "violation de sépulture ou monument initié à la mémoire des morts commises en raison de la race, l'ethnie, la nation, la religion."

Le président de la République, Emmanuel Macron, a rapidement condamné "avec la plus grande force" la dégradation de ces tombes juives. Le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a lui condamné un "vandalisme abject". "Face à ce fléau, la République ne doit rien lâcher" a-t-il affirmé.

Et dans le village de Moulin-sous-Touvent, c'est la sidération après cette découverte. Anne Brocvielle, la maire du village, est encore sous le choc de la violence des dégradations.

“Je me suis dirigée vers une stèle en particulier. Elle avait reçu un gros coup, comme un coup de masse. Franchement pour les bouger et les casser à ce point, c’est qu’il y avait vraiment de la colère. C’est un acte de destruction total”, estime-t-elle.

"C'est dégueulasse"

Un acte pensé où rien n'a été laissé au hasard, elle en est certaine. “Ce qui me perturbe le plus, c’est qu’elles ne sont pas dans un carré, elles sont complètement dispersées dans le cimetière. Je pense que ça a été quand même prémédité”, juge-t-elle.

Invité sur RMC ce jeudi matin, Maximilian Hiebinger, président de l’ASAPE 14-18, une association de passionnés de la Grande Guerre, donne des précisions sur la situation de ce cimetière.

“La totalité des stèles de soldats de confession juive de ce cimetière sont vandalisées depuis quelques jours. On n'arrive pas très bien à définir précisément la date. Nous étions là samedi 11 novembre pour la commémoration. Ce cimetière est isolé en pleine nature, le premier village est à un kilomètre. Donc ça peut favoriser les gens qui sont mal intentionnés et qui peuvent entrer dans ces endroits de jour et de nuit pour commettre des dégradations”, indique-t-il.

Sur cette commune chargée d'histoire où le devoir de mémoire a une place centrale, les habitants sont en colère. “C’est honteux, c’est du n’importe quoi. On n’a pas à faire ça sur des stèles. C’est dégueulasse”, indique Alexandre.

“Que ce soit du racisme ou de l’antisémitisme, on n’est pas d’accord avec ça. Ici, il ne se passe pas vraiment grand-chose en temps normal. C’est un petit village de 220 habitants qui est toujours très calme, où on se connaît très bien. Donc là, on est un peu surpris”, confie Vanessa, une autre habitante.

Après la fin des investigations, la mairie souhaite restaurer toutes les tombes.

Léonie Guilbaut avec Guillaume Descours