Comment les "gilets jaunes" ont mis en place leur propre système de comptage des manifestants
Depuis le début du mouvement des gilets jaunes, les chiffres concernant la participation font débat. Dans les manifestations classiques, forces de l'ordres et syndicats partagent traditionnellement leur estimations sur le nombre de manifestants.
Mais depuis le début du mouvement, seuls les chiffres du ministère de l'Intérieur sont diffusés, les "gilets jaunes" ne fournissant pas officiellement leur comptage. D'autant que ce chiffre est souvent contesté par les "gilets jaunes" estimant qu'il est minoré sciemment.
Le "Nombre jaune"
Face à ce constat, des "gilets jaunes" ont décidé d'organiser leur propre décompte. Joris Nioré, est pharmacien et co-fondateur du "Nombre jaune". Une page Facebook qu’il gère avec trois autres personnes et qui regroupe des comptages de rassemblements de toute la France. Il a eu cette idée après avoir participé à des manifestations à Marseille en décembre.
"Quand on allumait la télé le soir, on se rendait compte que les chiffres annoncés ne correspondaient pas à ce qu'on voyait nous, sur les manifestations. Donc on s'est lancé dans ce petit projet pour rétablir notre vérité."
Par exemple, samedi dernier, le groupe a recensé un peu plus de 159.000 manifestants, soit près du double comparé au chiffre du ministère de l'Intérieur. Un décompte qui reposent essentiellement sur des référents présent dans les cortèges.
Difficile de comptabiliser un chiffre précis avec les cortèges morcelés
"Nous avons des référents dans la moitié des départements je dirais. Donc des personnes qui comptent pour nous, parfois avec des compteurs, parfois avec des bouchons de bouteille, donc ça c'est des méthodes un peu artisanales. mais comme c'est sourcé et qu'on repasse derrière pour faire un comptage je pense que l'on se rapproche au plus de la réalité."
Assaël Adary est président d’Occurrence, entreprise spécialisée dans le comptage à l’aide de capteurs. Une entreprise missionnée parfois par les médias pour un décompte indépendant des chiffres du ministère de l'Intérieur, son dispositif ne fonctionne pas avec les cortèges morcelés des "gilets jaunes".
Selon Occurence: "Des marges d'erreur de 200 voire 300%"
Pour lui, les méthodes employées par le "Nombre jaune" sont très loin d’être fiables.
"Une manifestation c'est un gruyère en fait, on n'a pas des lignes bien faites avec des personnes par ligne. Ce système de comptage (peut déboucher à un chiffre) très faux, il y a des marges d'erreur de 200 voire 300%."
Pour l’acte 10, les organisateurs du "Nombre jaune" espèrent trouver des référents dans des régions non-couvertes, comme les Dom-Tom ou encore la Corse.