Budget 2025: les syndicats enseignants dénoncent les nombreuses suppressions de poste, "une saignée"

Les députés vont commencer à plancher ce mercredi sur le budget proposé par le gouvernement qui arrive sur la table de la commission des finances. Michel Barnier veut laisser aux parlementaires la possibilité d'amender le texte s'ils maintiennent au final les 60 milliards d'euros d'économies.
A l'Éducation nationale, la ministre Anne Genetet veut s'impliquer directement auprès des députés macronistes pour limiter les suppressions de postes d'enseignants grâce à des amendements. Il pourrait y en avoir moins que les 4.000 prévues par le gouvernement.
Des suppressions de postes à l'école qui scandalisent les syndicats. Ils ont déposé ce lundi une "alerte sociale", préalable à un préavis de grève, pour dénoncer la suppression de ces 4.000 postes à la rentrée prochaine. Ils demandent à la ministre Anne Genetet de les recevoir "dans le délai de trois jours".
Une "ligne rouge" a été franchie selon les syndicats. C'est "un sabordage", "une saignée" selon Guislaine David, la porte-parole du syndicat national des instituteurs et professeurs des écoles.
“On ne peut pas se dire ‘il y a une baisse démographique’, sortir la calculatrice et se dire ça fait combien de profs en moins?”, déplore-t-elle.
Un nombre de suppression de postes logique?
Mais quand Didier Breton, démographe spécialiste de l'enfance, sort la calculette, les suppressions de postes correspondent bien au nombre d'élèves en moins à la rentrée. “C’est très logique d’un point de vue arithmétique. 100.000 naissances, c’est environ 4.000 classes. Du fait des baisses de naissance, baisse des postes. Par contre, le nombre de naissances baisse depuis 10-11 ans et puis là, du jour au lendemain, paf, le couperet tombe. C’est ce décalage qui est assez violent”, pointe-t-il.
Ghislaine David, elle, aurait préféré que l'État en profite pour réduire le nombre d'élèves par classe alors que le pays détient le record de celles les plus chargées d'Europe.
“Actuellement, on a plus de 1.000 classes maternelles à plus de 30 élèves par classe. L’année prochaine, on va fermer des milliers de classes et ce sont surtout les zones rurales qui vont payer ce lourd tribu des fermetures de classe. Dans certaines communes, on va fermer carrément l’école”, dénonce-t-elle.
Et si le gouvernement ne revient pas sur ces suppressions de postes, elle l'assure, les syndicats d'enseignants déposeront un préavis de grève.
La Justice et l'Intérieur veulent aussi limiter la casse
Dans d'autres ministères, certains ministres poussent pour obtenir un budget plus important. Comme le ministre de la Justice, Didier Migaud, qui a menacé lundi de démissionner si ses crédits n'augmentaient pas. Il déplore un trou de 500 millions d'euros dans le budget de son ministère. Mais le gouvernement s'est engagé à en combler une partie par amendement au Parlement. "Si on a 300 millions d'euros, ce sera déjà bien" explique un proche de Didier Migaud. Suffisamment pour appliquer la feuille de route de Michel Barnier et construire des prisons. Car sinon, "les condamnés à des peines courtes, on les met où?", s'interroge-t-on dans l'entourage du ministre.
Du côté du ministère de l'Intérieur aussi, on compte sur Matignon pour obtenir des effectifs supplémentaires. Bruno Retailleau "va tenter de grappiller un peu plus" explique un proche du ministre.