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Éducation

Des groupes de niveau en maths et français: une mesure qui inquiète mais qui pourrait être bénéfique

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Jeudi, le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal a émis l'idée de mettre en place des groupes de niveau pour l'apprentissage des maths et du français. Une mesure qui risque de faire débat.

À l'occasion de la journée mondiale des enseignants ce jeudi, le ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, a annoncé une mission consacrée à l'exigence des savoirs fondamentaux. Cette mission associera professeurs, recteurs et inspecteurs et concernera l'école, le collège et le lycée avec pour priorité les maths et le français. Gabriel Attal, qui a mis en place jeudi trois groupes de travail chargés de faire des propositions d'ici à la fin de l'année, avance déjà une première piste: créer des groupes de niveaux en classe de 6ème, et donc séparer les bons des mauvais collégiens en math et francais mais aussi la mise en place de stages de réussite durant les vacances pour valider le passage en 6ème.

Une de ces mesures est au cœur des débats. La constitution de groupes de niveaux en français et en maths. Alors qu'aujourd'hui, les classes sont d'un niveau hétérogène pour les savoirs fondamentaux, les choses pourraient changer à la rentrée prochaine.

Un système qui fait débat auprès des professeurs. Mélanie Guenais, enseignante à l’université Paris-Saclay, se dit plutôt contre ce système de groupe de niveau.

"Cela a existé en France dans les années 70 et cela existe dans d'autres pays. Il y a eu un tas d'études en science de l’éducation pour savoir si c’était plus efficace ou moins efficace en termes d’apprentissage. Presque toutes les études tendent à montrer que l'effet est à peu près nul, et que s’il y a un effet, cela avantage les bons et défavorise les plus faibles. Donc, en fait, on ne va pas régler le problème d'hétérogénéité sociale dans notre système scolaire, qui est absolument déterminant pour la réussite, mais on va au contraire accroître ce problème majeur”, assure-t-elle.

Un avis que ne partage pas Iannis Roder, professeur de collège. "Faire baisser le niveau ça va être compliqué tant il est aujourd’hui déjà assez dramatique, notamment en mathématiques à l'entrée de la 6e. Ce que l’on voit aujourd’hui, c’est que les classes et groupes hétérogènes ne fonctionnent pas pour les élèves en difficulté, et même tirent vers le bas les élèves moyens. Je pense qu’il faut essayer des choses en adaptant la pédagogie de manière à aider le plus possible”, oppose-t-il.

Et les élèves, à la sortie d'un collège toulousain, sont partagés. Abdulahi est plutôt inquiet qu'il y ait les forts d'un côté et les mauvais de l'autre.

“Ce serait bien aussi de mixer quelques groupes parce que sinon il y a des groupes qui seraient un peu moins forts que d’autres, et ce ne serait vraiment pas bien pour eux”, indique-t-il.

Un nivellement vers le haut?

Sa copine de classe Manon voit l'intérêt de travailler en plus petit groupe. “Il ne faudrait pas que les élèves se vexent s’ils sont dans un groupe moins bien parce que c’est pour qu’ils puissent s’améliorer en maths et en français”, juge-t-elle.

Certains parents sont inquiets à l'idée que le groupe des plus faibles n'avance pas aussi vite que l'autre, comme l'explique Hélène.

“Ça peut stigmatiser certains enfants et les décourager par rapport à la confiance en eux. Mais à la fois, il faut mettre toutes les chances de leurs côtés et être réalistes”, assure-t-elle.

Mais aucun d'entre eux n'est fondamentalement contre car tout le monde se rejoint sur le constat: il y a urgence à relever le niveau. C’est ce qu’explique Laurent Zameczkowski, porte-parole de la PEEP fédération de parents d'élèves. “Si ce système permet aux élèves de progresser réellement, que ce ne soit pas un nivellement par le bas, mais par le haut, alors c’est oui”, appuie-t-il.

Les syndicats d'enseignant favorables à cette idée souhaitent notamment des groupes en nombre réduit pour les élèves les plus en difficulté.

Mahauld Becker-Granier avec Guillaume Descours