Enseignante agressée au couteau dans le Bas-Rhin: "Les portiques ne servent à rien", déplore le Snalc

Une nouvelle agression d’enseignant est venue bouleverser le monde scolaire. Mercredi matin, à Benfeld (Bas-Rhin), un collégien de 14 ans a attaqué au couteau sa professeure de musique de 66 ans, la blessant au visage dans sa salle de classe. Son pronostic vital n’est pas engagé, selon le rectorat de Strasbourg. L’adolescent, scolarisé en 3e, s’est ensuite infligé plusieurs coups de lame avant d’être ranimé par les secours et transporté en urgence absolue à l’hôpital de Strasbourg.
Selon le rectorat, le mineur était déjà identifié comme fragile scolairement et faisait l’objet d’un suivi attentif de la part de l’équipe éducative. Par le passé, il avait eu des comportements préoccupants, comme des saluts et chants nazis en classe, rapportés par plusieurs camarades.
"Coup de poing dans le torse"
Noah, professeur dans l’Ariège, raconte ce mercredi au micro de RMC avoir été lui-même violemment agressé par un élève de 14 ans. "Il m’a foncé dessus en criant qu’il allait me tuer. Il m’a frappé au niveau du torse, j’ai eu une côte cassée et fini aux urgences. Pas besoin d’un couteau pour qu’un élève fasse très mal."
Au-delà des armes blanches, cet enseignant évoque un climat d’"ensauvagement" dans lequel "un compas ou une chaise" peuvent devenir des armes. "Les élèves n’ont pas conscience de la gravité de leurs actes", déplore Noah, qui regrette aussi une trop faible présence policière dans son établissement.
Mélanie G, surveillante tuée à Nogent le 10 juin lors d'une fouille de sacs
Pourtant, depuis plusieurs mois, les pouvoirs publics ont mis en avant les fouilles aléatoires et l’installation de portiques de sécurité comme outils de prévention. Mais sur le terrain, cette stratégie est largement contestée.
"Les portiques ne servent à rien, ça n’empêche pas un élève de donner un coup de poing à son prof ou d’étrangler un camarade dans la cour", juge dans Estelle Midi Maxime Reppert, vice-président du syndicat Snalc. "On a une ministre de l’indignation (Elisabeth Borne, NDRL), qui dit après chaque drame que ce n’est pas normal, mais sur la santé mentale des jeunes, sur la fermeté, sur les moyens, rien ne bouge."
Celui-ci rappelle que la dernière fois qu’une surveillante a été tuée, le 10 juin à Nogent, c’était justement au moment d’une fouille organisée. "Dans quelques semaines, on risque d’avoir un nouveau drame", souffle-t-il.
La psychiatrie en crise
Un rapport remis fin août au gouvernement rappelait que près de 20 % des personnes interpellées en possession d’une arme sont des mineurs – soit environ 3.000 jeunes par an. Et le ministère de l’Intérieur a constaté début 2024 une augmentation de 15 % des saisies d’armes blanches dans les établissements scolaires.
Le gouvernement a promis un protocole de détection des troubles psychologiques dans les collèges et lycées. Mais aucun moyen supplémentaire n’a été débloqué pour la psychiatrie scolaire, déjà en crise. Dans certains départements, il n’existe qu’une vingtaine de places en hôpital psychiatrique pour mineurs.
Pour Matthieu, directeur d’établissement, la priorité est claire : "Les portiques, c’est l’arbre qui cache la forêt. Le vrai problème, c’est qu’on n’a pas les moyens pour soigner et encadrer les jeunes en détresse. Tant qu’on ne mettra pas le paquet sur la psychiatrie et sur la fermeté, ces drames se répéteront", insiste-t-il.