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Hommage à Samuel Paty: près de 800 incidents signalés en France dans les établissements scolaires

Plusieurs centaines d'incidents dans les établissements scolaires ces dernières semaines après les hommages à Samuel Paty et lors des cours de libertés d'expression qui ont suivi. C'est ce que révèle un communiqué du ministère de l'Education Nationale publié ce jeudi.

Après l'assassinat de Samuel Paty, le professeur d'histoire-géographie, le 16 octobre, des hommages avaient été organisés dans tous les établissements scolaires du pays lors de la rentrée du 2 novembre, avec une minute de silence et la lecture d'une lettre de Jean Jaurès.

Hommage prolongé tout au long du mois de novembre avec, pour tous les élèves de France, des séances pédagogiques avec leur professeur, autour des valeurs de la République, de la liberté d’expression et du principe de laïcité.

793 incidents signalés, contre 400 le 3 novembre dernier

Alors que 400 incidents avaient été enregistrés pour la journée d'hommage de la rentrée, ce chiffre a presque doublé aujourd'hui. Le communiqué fait état de 793 incidents signalés, au total, contre 400, le 3 novembre dernier.

Une différence qui s’explique par les délais de remontée des signalements, précise le ministère, qui a enregistré près de la moitié des incidents dans les collèges, 48% exactement, et 23% dans les établissements du primaire. 9 évènements sur 10 ont été le fait d’élèves mais on en dénombre tout de même 60 qui ont impliqué des parents.

Quant à la nature des faits, l’Éducation Nationale a enregistré 20% de provocations et autant de contestations mais aussi 17% d’apologie du terrorisme.

Ces incidents ont donné lieu à des sanctions: 131 exclusions temporaires, 44 définitives ou encore 48 avertissements. Enfin, ils ont fait l’objet de 286 signalements auprès des services de polices ou de gendarmerie et 136 auprès des procureurs de la République.

"Au lycée, leur discours est plus structuré et plus teinté politiquement"

Alors, face à ces chiffres, certains ont décidé d’agir. Des professeurs ont créé il y a 15 jours le collectif "Vigilance collèges lycées" pour "promouvoir la laïcité" et "résister aux pressions communautaires" dans le secondaire. Delphine Girard, professeur de lettres classiques dans un collège du Val-de-Marne et membre de ce collectif était l’invitée de la matinale ce vendredi.

"Au collège, ce sont de mauvaises blagues mais qui ont tendance à se répandre et qui ne sont pas sans gravité. Une pression qui s’exerce aussi à plusieurs endroits, pendant le ramadan, les sorties scolaires, le fait de s’offusquer de voir des statues nues, tel parent qui refuse de serrer la main d’une professeure etc. Au lycée, leur discours est plus structuré et plus teinté politiquement".

Et de poursuivre: "Nous voulons intervenir en amont par une vigilance accrue à la laïcité de différentes manières: réagir à l’actualité en médiatisant des évènements, informer nos collègues par la mise en place d’une bibliographie et de ressources pédagogiques sur ces questions".

Olivier Chantereau (avec C.P.)