Langues régionales: "La politique linguistique de la France ne va pas dans le bon sens"

C'est un retour en arrière qui ne provoque pas d'effusion de joie mais à minima un soulagement tant il est jugé par les locuteurs bascophones comme un juste retour à la normale. Cette semaine, Nicole Belloubet, la ministre de l'Éducation nationale, est finalement revenue sur une décision prise en novembre dernier qui interdisait la rédaction des consignes pour le brevet des collèges en langue basque.
Après une nouvelle expertise et "à la lumière des retours des différentes régions académiques concernées", la ministre a finalement décidé de "reconduire, pour cette session 2024, les modalités de traitement en langues vivantes régionales des sujets du DNB et de leur traduction, afin de maintenir une stabilité", rapporte France Bleu Pays Basque, qui a pris connaissance du courrier de la ministre adressée à Office Public de la Langue Basque (OPLB).
"On attend que les élèves puissent passer toutes les épreuves en langue régionale"
Les élèves en terminale pourront également passer l'oral en langue régionale "s'ils font le choix de garder cet enseignement en classe terminale", a écrit la ministre.
"Une bonne nouvelle mais on attend de la ministre que nos élèves puissent passer toutes les épreuves" en langue basque, a rappelé ce samedi Peio Jorajuri, président de la Fédération des Ikasttola du Pays Basque, dans la Matinale Week-end sur RMC.
Modèle immersif
Ce dernier défend farouchement l'apprentissage des langues régionales à l'école, et ce dès le primaire, à l'instar des modèles proposés par les écoles immersives comme les Ikastoola dans le Pays Basque ou les écoles Diwan en Bretagne. "On a besoin de l'école, qu'elle transmettre ces langues, c'est ce que dit l'article 1 du patrimoine". Si son usage ne demeure que dans le cadre privé, elle "disparaîtra au profit du français ou de l'anglais", a prévenu Peio Jorajuri.
40% des élèves de primaire sont en filière bilingue ou immersive dans le Pays basque. "On ouvre de nouvelles écoles assez régulièrement", s'est-il félicité. À la fin de la scolarité, "on a des locuteurs complets qui maîtrisent les deux langues de manière identique", a-t-il défendu, voulant battre en brèche l'idée comme quoi ce modèle d'enseignement se ferait au détriment du français.
"Sortir de cette précarité" linguistique
"La politique linguistique menée par la France ne va pas dans le bon sens. Les langues sont inscrites dans la Constitution et dans le code du patrimoine mais pas dans le code de l'éducation. On a besoin d'un pas en avant, d'une protection et de sortir de cette précarité pour que lorsqu'il y a une mesure ou réforme, on ne mette pas à bas tout ce qu'on a construit", a-t-il développé.