"Pas à l'abri de provocations": les professeurs inquiets avant un hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard

Une minute de silence doit être respectée, ce mardi matin à 10 heures, dans tous les collèges et lycées de France en l’hommage de Samuel Paty et Dominique Bernard. Les deux professeurs ont été assassinés respectivement il y a cinq ans et il y a deux ans par de jeunes islamistes radicalisés.
Une manière "de ne pas oublier" ces drames, expliquent certains professeurs, "ne pas oublier" non plus que les professeurs ont le sentiment d’être de plus en plus exposés dans l’exercice de leur métier.
Ces derniers craignent d'ailleurs des perturbations pendant cette minute de silence. Dans son collège près de Lyon, Cédric Biel assistera à la minute de silence organisée pour tous les élèves, non sans une certaine inquiétude.
“On n’est pas à l'abri de provocation ou de défis sur TikTok, ‘t’est pas cap de’... C’est toujours une angoisse. Si ça arrivait, factuellement, je ne sais pas comment ça agirait”, indique-t-il.
Des professeurs qui s'auto-censurent
Le professeur d’histoire-géo sera ensuite en classe pour un moment d’explication sur la laïcité avec ces élèves. L’année dernière, après la projection d'une vidéo montrant brièvement des caricatures de Mahomet, une collégienne avait exprimé sa gêne.
“Ce moment-là, c’est le premier que j’ai connu. J’ai parfois eu des problèmes avec des parents ou des élèves, mais pas sur des questions liées à la tenue, à la religion ou à la laïcité. Ça m’a empêché de dormir et c’est bien la première fois. Ça reste parce qu’on sait ce qu’il s’est passé, on sait ce qu’il peut se passer”, appuie-t-il.
Cette élève et ses parents ont ensuite compris la démarche du professeur. Lui a décidé de flouter ces caricatures depuis. D’après Maxime Reppert, vice-président du Snalc, un syndicat de professeurs, de plus en plus d’entre eux s'autocensurent. “Les collègues ont ce sentiment qu’ils peuvent être en danger. Beaucoup plus d’enseignants sont vigilants par rapport aux termes qu’ils utilisent”, assure-t-il.
Son syndicat demande à ce que des mesures soient prises pour que les professeurs puissent travailler en sécurité.