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Éducation

Pour la soeur de Samuel Paty, "il va falloir faire beaucoup plus" pour éviter d'autres drames

Des collègues et proches tiennent un portrait du professeur Samuel Paty lors d'une marche blanche à Conflans-Sainte-Honorine, le 20 octobre 2020

Des collègues et proches tiennent un portrait du professeur Samuel Paty lors d'une marche blanche à Conflans-Sainte-Honorine, le 20 octobre 2020 - Bertrand GUAY © 2019 AFP

Lors de l'inauguration d'une "place Samuel Paty" à Cannes, Mickaëlle Paty a estimé que le projet de doublement des heures de cours d'éducation morale et civique, annoncé par Emmanuel Macron, "ne sera pas suffisant pour apporter un contre-discours à ceux de nos enfants qui, à l'extérieur, n'entendent pas du tout un discours républicain".

Pour Mickaëlle Paty, une des soeurs de Samuel Paty, professeur assassiné par un jeune jihadiste en 2020, il va "falloir faire beaucoup plus" pour éviter d'autres drames sans renoncer à "user jusqu'à en abuser de la liberté d'expression".

Venue participer à l'inauguration d'une "place Samuel Paty" à Cannes (Alpes-Maritimes), elle est revenue sur le projet de doublement des heures de cours d'éducation morale et civique (EMC), récemment annoncé par le président Emmanuel Macron.

"Ça ne sera pas suffisant pour apporter un contre-discours à ceux de nos enfants qui, à l'extérieur, n'entendent pas du tout un discours républicain. Il va falloir faire beaucoup plus (... et) trouver d'autres axes pour les aider", a-t-elle expliqué.

"J'ai toujours fait preuve d'une grande discrétion. Mais on arrive à un tel degré d'atteintes envers nos professeurs, cela a encore continué à augmenter en décembre!", a-t-elle lancé en fustigeant les mesures faites et défaites "sans suivi ni évaluation".

"Maintenant, sauver l'école, sauver tous nos professeurs, pour moi, c'est un peu sauver mon frère", a-t-elle ajouté.

"Un humanisme devenu malade"

Tout en réclamant "un soutien sans faille" à tous les niveaux de la hiérarchie pour les professeurs menacés, elle a aussi plaidé pour que des spécialistes extérieurs à l'école viennent participer aux cours polémiques pour épauler les enseignants.

Dans un discours très incisif, elle a fustigé "un humanisme devenu malade" et les "raccourcis magiques empêchant toute critique (à l'égard des jeunes qui se placent en retrait de la République) au nom d'une dette reçue en héritage".

"Il devient nécessaire de comprendre que le ‘en même temps’, les accommodements dits raisonnables, servis à toutes les sauces, travestis sous des airs de pacifisme, accentuent la fracture en excitant un sentiment d'injustice", a-t-elle lancé.

La ville de Cannes a inauguré une "place Samuel Paty" devant un lycée, avec une plaque réalisée par l'artiste Olivia Paroldi associant un portrait du professeur assassiné, des piles de livres et des jeunes portant les lettres du mot "Liberté".

Selon Jean-Pierre Sakoun, président de l'association Unité laïque, qui en juin a appelé chaque commune à consacrer un lieu public (rue, place, square...) à Samuel Paty, il y en a désormais une soixantaine à travers la France.

CA avec AFP