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Homophobie: les actes et insultes anti-LGBTI+ en augmentation

Ce samedi avait lieu la Marche des Fiertés à Paris. Dans le cortège, les slogans dénonçant la banalisation de la parole homophobe et transphobe étaient légions. Car les insultes, injures se banalisent. Les actes anti-LGBTI+ sont en augmentation, en France, en 2021.

La Marche des Fierté avait lieu ce samedi à Paris. Cette année encore, le cortège dénonce principalement la "banalisation" de la "parole LGBTQIphobe et surtout transphobe". Ces dernières années, les actes homophobes et transphobes ont progressé en France. Au moins 3.700 actes ont été enregistrés en 2021, notamment des insultes et des injures anti-LGBT qui se banalisent dans notre pays.

Les injures homophobes représentent la moitié des plaintes pour des actes anti-LGBT, le plus souvent dans la rue, par des inconnus. Ces insultes peuvent être quotidiennes, répétées. Nous avons rencontré Icham sur une terasse à Paris, il est gay, il a 19 ans , et il souffre de cet homophobie quotidienne:

"Ça peut être trois à quatre fois par semaine, voire deux fois dans une même journée. Surtout dans le métro. Je suis obligé de faire des détours. On marche c'est des insultes, c'est des sifflements, c'est je me mets devant toi, je touche ton pénis à travers le pantalon. C'est chiant !"

Un an de prison et 45.000 euros d'amende

C'est un phénomène massif, puni au maximum d’un an d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende. Les victimes bien souvent ne déposent pas plainte. Icham s'est déjà rendu deux fois au commissariat: "On vient pour déposer plainte pour homophobie et on nous dit, ce n'est pas une plainte qu'il nous faut, c'est des mains courantes". Il affirme que le comportement des policier peut être dissuasif pour les victimes comme lui: "en ayant vécu ça plusieurs fois, on finit par abandonner. On ne se sent pas en sécurité."

On sait par l'INSEE et le ministère de l'Intérieur que 95 % des victimes d'injures homophobes ne déposent pas plainte. De plus, les plaintes déposées donnent rarement lieu à une condamnation. Par exemple en 2019, il y a eu 231 peines prononcées par la justice face ; et cela ne comprend pas que les insultes homophobes mais aussi les violences, les agressions sexuelles,...

Une "forme d'impunité" pour Flora Bolter. La co-directrice de l'observatoire LGBTI+ de la fondation Jean-Jaurès estime qu'il "y a très peu de condamnations effectuées, par rapport à d'autres critères de discriminations comme le racisme."

"On a une société qui de fait valide complètement une inégalité au détriment des personnes dont l'orientation sexuelle ou l'identité de genre n'est pas la norme majoritaire" estime-t-elle.

Le problème des enquêtes

Même si les associations reconnaisent que les dépôts de plaintes se passent mieux, la reconnaissance du caractère homophobe peut être retiré tout au long de la procédure par les policiers ou les magistrats. Lucile Jomat, présidente de "SOS Homophobie", estime que "malheureusement trop souvent des procureurs et des juges qui vont considérer que certaines insultes ne sont sont LGBTIphobes, comme "pédé" qui va être considérée comme du language courant."

"Non "pédé", c'est une insulte LGBTIphobe. Il ne faudrait plus laisser de place à l'interprétation. Il faut clairement faire de la formation et des condamnations à la hauteur, pour entraîner plus de personnes à porter plainte", considère Lucile Jomat.

Il faut savoir que les enquêtes sont très minutieuses pour trouver des témoins ou des vidéosurveillance. C'est souvent parole contre parole et les preuves sont rares. Malheureusement, la police "n'a pas assez de personnes pour tout traiter" avoue le secrétaire national du syndicat Unité SGP-Police FO, Jean-Christophe Couvy, qui reconnaît "privilégier les violences physiques et une personne victime d'injures sera classée en bas de la pile".

"L'enquêteur est obligé de faire le tri et souvent le soir, en rentrant chez lui, il n'espère qu'une chose: que le dossier ne devienne pas un fait-divers dans la nuit",

Toutes les associations insistent pour rappeler que non, ce ne sont pas que des mots. Ces insultes quotidiennes provoquent anxiété, dépression, ou pensées suicidaires très répandues chez les personnes LGBT.

En cas d'injures ou de violences physiques homophobes ou transphobes

- Vous pouvez contacter "SOS homophobie" au 01 48 06 42 41
- En Île de France, l’officier de liaison LGBT à la préfecture de police de Paris au 0637981747

Nicolas Traino