Huées et crachats à Roland-Garros: "Les gens boivent un peu trop" alerte un ancien arbitre de tennis

Roland-Garros se transforme. Et pas en bien, si l'on en croit certains. Ce mardi, c'est le joueur de tennis belge David Goffin qui s'en est pris à l'attitude du public parisien. Le tennisman a été la cible de huées et victime d'un crachat de chewing-gum pendant son match face au Français Giovanni Mpetshi Perricard.
A l'issue de sa victoire, visiblement agacé, il s'est lâché auprès de quelques journalistes belges venus l'interroger: "Ça va trop loin, c'est de l'irrespect total. C'est vraiment trop. Ça devient du foot, bientôt il y aura des fumigènes, des hooligans et ça se battra dans les tribunes. Ça commence à devenir ridicule. Certains sont plus là pour foutre le bordel que pour mettre l'ambiance", a lancé David Goffin.
Il a même évoqué une exception française: "Beaucoup de gens se plaignent. C'est l'écho qu'il y a dans le vestiaire et dans les instances ATP. Je pense que ça ne se passe qu'en France. À Wimbledon, il n'y a pas ça. En Australie, non plus. L'US Open, c'est plutôt tranquille. Ici, c'est vraiment une ambiance malsaine", a-t-il déploré.
Les sessions de nuit favoriseraient les incivilités à Roland-Garros
"Les choses évoluent trop vite", déplore ce mercredi sur RMC et RMC Story Bruno Rebeuh, ancien arbitre international de tennis, qui se dit déçu par la nouvelle philosophie des organisateurs de tournoi. "Aujourd’hui, les promoteurs de tournoi et les instances du tennis essaient de trouver des parades à un manque de joueurs charismatiques en mettant la musique aux changements de côté, en faisant venir des fanfares pour mettre l’ambiance", constate-t-il.
Bruno Rebeuh pointe aussi du doigt les "sessions de nuit", instaurées à Roland-Garros depuis le Covid-19. "Les gens arrivent et boivent un peu trop. Je suis allé en loge, où c’est supposé être plus calme qu’en tribune, et j’ai vu des gens qui n’avaient rien à faire là, qui hurlaient à la mort. Ils n'insultaient pas les joueurs mais on n'en était pas loin. Je trouve ça dangereux et désolant", déplore l'ancien l'arbitre international sur le plateau d'Estelle Midi.
"Le tennis n’a pas besoin de ça. Ces nouvelles choses, c’est comme au golf où les gens sont autour des trous et boivent abondamment. Je trouve ça triste", ajoute Bruno Rebeuh.
"Chaque tournoi doit garder son identité"
Pour autant, il ne plaide pas pour que Roland-Garros prenne un virage britannique en adoptant le flegme anglais de Wimbledon où joueuses et joueurs doivent arborer une tenue blanche immaculée et où les dérapages du public n'existeraient pas. "Chaque tournoi doit garder son identité, Roland-Garros doit conserver son charme mais en restant prudent".
Bruno Rebeuh pointe aussi une spécificité du tournoi du grand chelem français, sa configuration: "C'est le plus petit des quatre tournois au niveau de la surface totale. C'est difficile d'aller d'un terrain à l'autre. Les cours annexes sont mitoyens les uns des autres. Les gens mettent 30 minutes à rentrer après s'être battu six mois pour avoir des places et peut-être qu'ils se lâchent. Il faut que la direction soit vigilante".