"Il a pété les plombs": un non-voyant et son chien-guide agressés violemment par un chauffeur Uber

Anthony a 33 ans, il est aveugle et ne sort jamais sans son chien-guide, Népia, un croisé Golden Retriever. Lundi dernier, Anthony commande un VTC sur la plateforme Uber à Paris. À son arrivée, le chauffeur refuse de le laisser monter. Et comme ce n’est pas la première fois que ça lui arrive, il a pris l’habitude de filmer ses sorties.
“Monsieur, je suis avec ma petite fille de 4 ans que je dois emmener à l’école. Je suis non-voyant. C’est un chien-guide, vous êtes obligé de me prendre”, indique-t-il au chauffeur qui lui répond. “Non, je suis désolé. Sur l’application, je peux faire le choix de ne pas vous prendre”, affirme-t-il.

Ce qu’il dit est évidemment faux. La loi garantit l’accès aux chien-guides d’aveugles dans tous les transports, sous peine d’une amende allant jusqu’à 450 euros. Après quelques minutes d’explications avec le chauffeur, Anthony pense que la situation est réglée et qu’il va enfin pouvoir embarquer.
“Népia rentre d'elle-même dans la voiture comme elle a l’habitude de le faire pour aller se positionner au niveau du sol. Et là, c’est le moment où il pète complètement les plombs, me saute dessus, me frappe au niveau des côtes. Il ouvre la porte côté conducteur à l’arrière et là, il s’en prend au chien. Et j’ai ma fille de 4 ans qui est de l’autre côté et qui regarde”, raconte-t-il.
Une scène d’une violence inouïe, sous les yeux de cette petite fille (voir vidéo en tête de l'article). Le chauffeur finit par remonter dans son véhicule et partir. Anthony, lui, a porté plainte pour "violences sur personne vulnérable".
Nous avons demandé des comptes à Uber, qui “condamne fermement cette discrimination grave” et nous assure avoir suspendu définitivement le compte du chauffeur. Mais pour notre auditeur, c’est insuffisant. S’il nous a contacté, c’est aussi pour dénoncer les injustices dont il est victime au quotidien.
“Vous vous sentez bafoués dans vos droits fondamentaux, vous vous sentez discriminés au plus profond de votre chair et de votre âme. Lorsque l’on refuse un chien-guide, on refuse une personne. Ça revient à refuser un fauteuil roulant, ça s’appelle de la discrimination et ça vous renvoie à votre handicap. Moi aujourd'hui, j’en ai ras-le-bol”, appuie-t-il.
Uber, de son côté, nous explique diffuser régulièrement des messages de prévention à destination des chauffeurs. Faux, nous répond l’intersyndicale nationale des VTC, qui dénonce l’absence d’information et de formation sur la question du handicap.
Du côté du ministère chargé des personnes handicapées, la ministre Geneviève Darrieussecq “condamne l’acte de violence” subi par Anthony et rappelle que “la suspension du chauffeur par Uber ne dédouane pas la société de mieux sensibiliser ses conducteurs”. Le ministère des Transports nous révèle que des discussions sont en cours avec les plateformes VTC, sur une charte d'engagements dans la lutte contre toutes les formes de discriminations.
Le cabinet de la ministre cabinet rappelle qu’un Observatoire de l’accessibilité des chien-guides a été créé en 2021 pour recenser et lutter contre ces discriminations.