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“Je n'ai pas toujours envie de donner”: les pourboires disparaissent-ils en France?

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En France, le pourboire s’efface peu à peu. Entre paiements sans contact, inflation et évolution culturelle, les clients laissent de moins en moins de pièces aux serveurs. Mais avec les terminaux de paiement qui intègrent désormais une option "pourboire", la pratique pourrait bien se réinventer plutôt que disparaître.

Un café payé en sans-contact, une addition réglée en un clic… Résultat: le petit geste de quelques pièces laissé sur la table se fait de plus en plus rare en France. Les pourboires, déjà moins ancrés dans notre culture qu’aux États-Unis, sont en chute libre. Alors, simple effet de la dématérialisation des paiements ou signe d’un changement plus profond dans nos habitudes de consommation ?

Jadis un geste quasi automatique dans les cafés et restaurants, le pourboire s’efface peu à peu. La généralisation du paiement sans espèces joue un rôle majeur: on n’a plus toujours de monnaie à laisser. Mais il y a aussi une évolution culturelle: en France, le service est déjà inclus dans l’addition, ce qui fait que beaucoup estiment “avoir déjà payé”.

"Quand on a une addition élevée, on n'a pas forcément envie de donner plus”

Et l’inflation n’aide pas. Avec la hausse des prix, le consommateur surveille davantage ses dépenses. L’euro laissé en plus peut sembler anodin, mais multiplié par plusieurs sorties, il devient une charge supplémentaire. Selon certains restaurateurs, la baisse des pourboires est nette depuis deux ans.

Moins de pourboires, ce sont aussi des revenus complémentaires en moins pour les professionnels du secteur. Or, ces derniers rappellent que leur salaire de base n’est pas toujours élevé, et que le pourboire peut représenter un vrai “coup de pouce” pour boucler les fins de mois.

De moins en moins de pourboires : sommes-nous devenus radins ? - 27/08
De moins en moins de pourboires : sommes-nous devenus radins ? - 27/08
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Paradoxalement, le numérique pourrait relancer la pratique. De plus en plus de terminaux de paiement proposent une option “laisser un pourboire” avant de valider la transaction. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, cela a déjà relancé la générosité des clients. En France, l’idée commence à se diffuser, notamment dans les grandes villes.

“Le paiement par carte de crédit fait qu’on n'a pas souvent de liquide sur soi, mais effectivement, le pourboire revient, car on peut le faire avec un TPE désormais. Maintenant, même si on a les moyens de donner un pourboire, les prix des plats en restauration ont bien augmenté. Donc quand on a une addition qui est déjà élevée, on n'a pas forcément envie de donner plus”, explique Périco Légasse dans Estelle Midi ce mercredi.

“Le pourboire est une forme d’humanisme”

"J'ai un coup de gueule contre les pourboires sur les TPE. C'est marqué ‘combien souhaitez-vous laisser?” et t'es devant le serveur avec un sourire. Je n'ai pas envie de toujours donner... C'est de la vente forcée, je ne trouve pas ça cool", poursuit Estelle Denis.

Pour Joseph Agostini, psychologue et auteur de “Je dépense comme je suis”, l’argent qu’on dépense, ça dit quelque chose de nous même. “Le pourboire est une forme d’humanisme”, dit-il.

Sommes-nous vraiment devenus plus avares? Pas forcément, donc. Le consommateur français reste attaché à la reconnaissance du service, mais il la manifeste autrement: un avis positif en ligne, un mot gentil ou une fidélité au commerce. Le pourboire n’a pas disparu, il est en train de se transformer.

C.A