Le retour du service militaire ne "servirait pas à grand chose", selon le général Pellistrandi

Le président de la République Emmanuel Macron l'a promis en mars, à savoir l'annonce imminente de la "grande refonte" du service national universel (SNU). En ce sens, trois jours avant les commémorations du 8 mai 1945, le nouveau haut-commissaire au Plan Clément Beaune a dévoilé lundi une note flash à propos du service miltiaire et civique.
"Je pense à une option qui serait hybride, à la fois civile et militaire, où, par exemple, on ferait un choix entre un service civil ou un service militaire de quelques mois, ou un service civique et puis éventuellement un complément militaire", a-t-il fait savoir lundi sur TF1. L'ancien ministre des Transports y voit un "débat de société" et un "choix politique".
14 milliards d'euros pour un service militaire filles-garçons
Au programme de cette note, plusieurs options sont mises sur la table, et chiffrées. Notamment le retour d'un service militaire obligatoire à l'ancienne, avant qu'il ne soit suspendu par Jacques Chirac en 1997. Coût estimé, pour filles et garçons, 14,5 milliards d'euros. Autre idée, "vitaminer" le SNU et attirer, sur la base du volontariat, plus de jeunes. Le haut-commissariat au plan cherche aussi à proposer des solutions "hybrides", comme un "service civilo-militaire" qui combinerait une période d'encadrement de plusieurs jours, suivie d'un service civil ou militaire.
Une armée professionnelle depuis 1996
"Sur le plan militaire opérationnel, rétablir un service militaire n'est pas une priorité actuelle. Il n'est pas question de revenir" à la version d'avant, estime ce mercredi sur RMC le général Jérôme Pellistrandri. Celui-ci pointe un coût "hors de portée pour la France" et pose la question suivante: "Pour quoi faire?" "Ca n'aurait aucun intérêt à former des centaines de jeunes pour faire des bataillons. Sincèrement, ça ne servirait pas à grand chose", soutient-il au micro d'Apolline Matin.
Un constat finalement partagé par Clément Beaune, qui dans sa note met en garde sur la "fragilisation potentielle de notre modèle d’armée, celui d’une armée professionnelle". Le rédacteur en chef de la revue Défense nationale Jérôme Pellistrandi préfère souligner les véritables priorités de l'armée selon lui à savoir le "recrutement de militaires professionnels, l'augmentation du budget et le rééquipement".
"Pas un schéma cohérent", admettait Emmanuel Macron en mars
En mars, au moment de sa promesse de "grande refonte", Emmanuel Macron avait de toute façon déjà fermé la porte à un retour à l'ancien modèle: " À partir du moment où on est allé vers la professionnalisation de nos armées, focalisées sur l'opérationnel, les réemployer pour encadrer 800.000 jeunes (…) n'est absolument pas un schéma opérant", avait justifié le chef de l'État dans un entretien à plusieurs titres de la presse régionale.
Le général Jérôme Pellistrandi ne se dit pas toutefois fermé à l'idée d'un "modèle mixte" dans lequel le volontariat prime et la personne concernée peut choisir entre le militaire et le civique. Ce dernier se veut vigilant à ce que les futures décisions prises par le gouvernement ne provoquent pas une rupture d'égalité, à savoir "qu'un non diplômé serait obligé de faire un service militaire et un diplômé puisse faire un service civique confortable au profit d'une association".
Clément Beaune a admis que les Français pourraient être amenés à trancher sur la question, déclarant que c'était "théoriquement possible d’en faire un référendum", précisant que la décision revenait au président de la République.