Les agents de l'Assemblée nationale "surpayés": une réalité qu'on a voulu cacher?

Les agents de l'Assemblée nationale sont "clairement surpayés". Les mots sont de Paul Jossé, ancien collaborateur parlementaire, qui publie une enquête pour l'Iref (Institut de recherches économiques et fiscales) sur les salaires et les avantages des 1.132 fonctionnaires de l’Assemblée nationale. Il ne s'agit pas des députés, mais des huissiers. Parmi ces fonctionnaires, 400 "agents d'étage" qui "jouent au sudoku ou regardent des films sur leurs ordinateurs", faute de travail à faire, explique-t-il. En épluchant les comptes de l’Assemblée et en s'appuyant sur les livres des journalistes sur la question, il est arrivé à cette conclusion édifiante: ces agents de l'Assemblée ont gagné en 2017 entre 6.465 et 9.449 euros net mensuel, soit parfois plus que le Premier ministre.
"Un rapport enterré"
Une réalité qui dérange au sein de l'Assemblée, explique Paul Jossé, invité ce mercredi de Bourdin Direct. Un rapport officiel sur la question avait été enterré par l'ancien président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, de 2007 à 2012. "A l'initiative de Nicolas Sarkozy (président de l'époque) qui voulait que toutes les institutions soient contrôlées, les magistrats de la Cour des comptes avaient été conviés pour un audit. Ces magistrats ont clairement subi des pressions de la part de la haute administration de l'Assemblée et finalement le rapport, trop sensible, a été enterré et détruit par le président de l'Assemblée nationale de l'époque".
"Menace de grève"
Un sujet qui crispe toujours autant aujourd'hui, si l'on en croit Paul Jossé. "Le président actuel de l'Assemblée, François de Rugy, a dit hier en séance publique que j'étais un menteur. Mais il a produit en interne un rapport sur la modernisation de l'Assemblée et du statut du fonctionnaire. Il l'a dit lui-même la semaine dernière: les fonctionnaires touchent plus que les députés. Cela a fait scandale, et les syndicats de l'Assemblée ont réunis 400 d'entre eux pour faire pression et menacer de faire grève. Je comprends la position de François de Rugy, mais il doit mettre de la transparence."