Les pompiers réclament des moyens: pourquoi leurs conditions de travail sont de plus en plus compliquées

Ce lundi, s'ouvre le Beauvau de la sécurité civile à Rouen, en présence de Nicolas Daragon, le ministre de la Sécurité du quotidien. C'est en réalité une reprise, les travaux avaient été suspendus avec la dissolution de l'Assemblée nationale en juin.
Le financement des services d'incendie et de secours (SDIS) sera au cœur des discussions et notamment l'étude de nouveaux moyens pour qu'ils puissent continuer à fonctionner. Le ministre de la Sécurité du quotidien, avait été interpellé mi-novembre par les sénateurs sur ce sujet. Ce sont les collectivités qui financent principalement nos pompiers, mais il y a une hausse des dépenses avec de plus en plus de besoins et une baisse des recettes des collectivités qui ont donc du mal à répondre aux demandes budgétaires.
Et face aux difficultés financières des collectivités, les conditions de travail des pompiers sont de plus en plus difficiles. Les casernes sont de moins en moins pleines, mais de plus en plus sollicitées. C'est ce que déplore Rémy Chabbouh, pompier et secrétaire national du syndicat SUD.
“Les feux de forêts sur l’arc méditérannéen, les inondations… On a énormément également de missions sanitaires. On voit bien les pompiers qui vont distribuer de l’eau à Mayotte par exemple”, indique-t-il.
Des temps d'intervention rallongés
Résultat, le nombre d'interventions explose: plus 30% depuis 2010. Rémy Chabbouh travaille dans le Rhône, un département très affecté. Faute de financement, il y manque une centaine de pompiers. Sursollicités, ils mettent plus de temps à intervenir. “On a une augmentation dans le Rhône de 2m40 en plus des dix minutes qui étaient déjà nos délais d’intervention. Pour un arrêt cardiaque, ce ne sont pas les pompiers qu’il faut envoyer, ce sont les croque-morts”, tacle-t-il.
Ce lundi matin sur RMC, Eric Brocardi, porte-parole de la FNSPF, abondait dans ce sens. “On a un sujet qui est lié à la désertification médicale avec les temps d’interventions qui se rallongent. [...] Il faut rappeler que l’urgence et le soin sont deux choses différentes. Aujourd'hui pour les sapeurs pompiers, le temps entre votre appel et le moment où ils arrivent c’est 14 minutes de moyenne. C’est encore une performance en termes de traitement de l’alerte", explique-t-il.
Augmenter la taxe de séjour?
Pour renflouer les caisses, Olivier Richefou, le président de la Conférence nationale des SDIS, les services d'incendie et de secours, veut augmenter la taxe de séjour.
“Quand il y a un afflux touristique sur un territoire, il faut que le SDIS puisse, grâce à cette augmentation de recettes, être en capacité de faire face à l’afflux touristique qui existe sur un territoire”, appuie-t-il.
Autre piste, revaloriser une taxe sur les contrats d'assurances, la TCAS ... Autant de propositions qu'Olivier Richefou espère voir aboutir à l'issue du Beauvau début 2025.