"Faire des économies" dans la Santé: "On ne demanderait pas aux pompiers d'être rentables"

Michel Barnier a effectué samedi son premier déplacement en tant que Premier ministre au Samu de Paris. Le nouveau Premier ministre s'est dit "à l'écoute" des soignants et a promis de porter une "attention personnelle pour la santé publique", assurant que même "sans faire de miracle" pour la santé "on peut faire des progrès". Il a estimé que l'on pouvait "faire des économies" en travaillant sur "l'efficacité de la dépense à l'hôpital".
Olivier Milleron, cardiologue à l’hôpital Bichat à Paris et membre du collectif inter-hôpitaux, est revenu ce lundi 9 septembre sur ce premier déplacement du nouveau chef du gouvernement. Il peut "être d'accord à moyen terme" sur la volonté de faire des économies car 60% des hôpitaux sont en déficit.
"On est dans une situation catastrophique", concède-t-il.
"Il y a probablement une volonté de communiquer sur la santé, c'est plutôt pas mal, mais le discours derrière est un peu inquiétant. Il nous promet du sang et des larmes mais ça fait des années qu'on a ça. On va quand même avoir notre 8e ministre de la Santé sous Macron... On n'a jamais de cap, pas de débat démocratique sur notre système de santé", déplore-t-il dans Apolline Matin sur RMC.
"Quand on soigne mieux, on dépense moins d'argent"
La santé sera donc une des "priorités" du gouvernement Barnier, ce dernier ayant souhaité devant la presse "que des progrès rapides soient visibles dans les campagnes dans l'offre de soins (...) en même temps qu'on continuera à s'occuper de mieux faire fonctionner l'hôpital, avec les personnels".
Olivier Milleron estime qu'il faut "revenir au soin et la qualité des soins", et réclame des "messages forts". "On demande par exemple de voter une loi sur les ratios, un nombre de patients maximum dans les services par infirmière et par spécialité", lance-t-il. Une proposition de loi déjà votée par le Sénat.
"Si l'hôpital redevient attractif, les gens vont revenir travailler à l'hôpital. Les exemples à l'étranger montrent qu'on fait des économies en embauchant, car quand on soigne mieux, on dépense moins d'argent."
Arrêter de payer à l'acte?
20% des actes et prescriptions de médicaments ne seraient pas justifiés, selon des chiffres dévoilés sous Agnès Buzyn qu'Olivier Milleron relaie dans son livre Le guide des intox sur notre système de santé (éd. Textuel).
"Quand on paie à l'acte, on pousse à faire des actes rentables, on survalorise les actes techniques (chirurgie, angiographie, coronographie...), les hôpitaux ont décidé de valoriser ça. Les patients qui attendent sur les brancards aux urgences, des patients âgés avec des maladies chroniques, ça, ce n'est pas rentable, alors que c'est le besoin de soin de la population", juge-t-il.
"Le droit à la santé est dans le préambule de la Constitution, pas le fait de ne pas avoir de déficit", rappelle-t-il.
"On ne demande pas à une caserne de pompiers d'être rentable! Revenons sur le soin, mettons assez de personnes dans les hôpitaux pour bien soigner", conclut-il, estimant qu'il sanctuariser la masse salariale, qui a été trop utilisée comme variable d'ajustement ces dernières années.