"On me retire quelqu'un qu’on m’a demandé de prendre": malgré un malaise, le boulanger en grève de la faim contre l'expulsion de son apprenti continue le combat
Stéphane Ravacley, le boulanger de Besançon en grève de la faim depuis 10 jours pour protester contre l'expulsion de son apprenti guinéen, a fait un malaise mardi et a été conduit aux urgences. Il y a passé la journée et a subi des examens.
"J'ai fait un malaise dans ma voiture, devant la boulangerie, en revenant de livraison. Au début, personne ne m'avait vu, je suis resté un quart d'heure dans le froid. Quand les pompiers sont arrivés, j'étais en hypothermie", a-t-il confié.
"Je vais bien, je suis fatigué mais ça va bien. Obligatoirement je dois tenir le coup", a assuré Stéphane Ravacley ce mercredi sur RMC, prêt à continuer sa grève de la faim pour protester contre l’expulsion programmée de son apprenti: "L’espoir est nourri par tous ces messages que je reçois internationalement et nationalement, je n’aurais jamais pensé ça en commençant".
A lire aussi - Le boulanger en grève de la faim contre l'expulsion de son apprenti conduit aux urgences
"L’Etat casse le contrat moralement et physiquement"
Car Laye Fodé Traoré, 18 ans, pris en charge en France en tant que mineur isolé il y a deux ans, est visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF) délivrée par la préfecture de la Haute-Saône. "Cela fait un an et demi qu’il travaille chez moi, il a encore six mois à faire pour obtenir son CAP", précise l’artisan de 50 ans.
"On me retire un apprenti qu’on m’a demandé de prendre. L’Etat nous demande de prendre des migrants, pas de soucis, on les éduque et puis l’Etat casse le contrat moralement et physiquement en nous les reprenant alors que ces gamins peuvent repartir avec un diplôme. Je tiens à lui et je fais ça pour tous ces enfants et ces patrons qui sont dans la même problématique que moi (…) L’Etat est totalement mutique devant cette situation", déplore Stéphane Ravacley.
Une audience doit se tenir le 26 janvier devant le tribunal administratif de Nancy, saisi par le jeune Guinéen pour contester juridiquement cette OQTF et le refus de la préfecture de lui délivrer un titre de séjour. En attendant, Stéphane Ravacley est prêt à continuer.
Le médecin qui l'a examiné a conclu qu'il avait "des carences en beaucoup de choses". Il a bénéficié d'une "perfusion de vitamines". Depuis 10 jours, il ne se nourrit plus que de bouillon et a perdu environ huit kilos.
A lire aussi - "C'est inhumain!": ce boulanger est en grève de la faim pour soutenir son apprenti menacé d’expulsion