RMC
Société

Proposition de loi pour interdire la corrida aux moins de 16 ans: "Un débat de société hypocrite"

placeholder video
Le Sénat étudie ce jeudi une proposition de loi pour interdire la corrida aux moins de 16 ans. Mais la corrida est-elle un spectacle injustement décrié? Pour Arthur Chevallier, c'est un débat de société hypocrite. C'est son avis tranché ce jeudi sur RMC.

La corrida, c’est un débat de société hypocrite. Parler de la souffrance animale, rien de plus normal. Mais en quoi un animal souffre moins dans un abattoir qu’au cours d’une corrida? Au fond, c’est pareil, mais sans les applaudissements. Tant que l’industrie de la viande est autorisée, la corrida n’a pas de raison d’être interdite. C’est une question de logique.

C’est aussi une question de culture. Le Sud est attaché à la corrida, une très ancienne tradition. Mais contrairement à ce qu’on pense, la corrida, ce n’est ni un spectacle très ancien, ni un spectacle particulièrement du Sud. L’ancêtre de la corrida, ce sont les courses de taureaux, et il y en avait partout en Europe, de Londres à Venise. La corrida en tant que telle, ça ne se développe vraiment qu’au tout début du XXe siècle en France.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : L'hypocrite débat sur la corrida - 14/11
2:59

Au début, c’est plutôt un truc de notables, très loin du show populaire d’aujourd’hui. C’était même un peu élitiste. Ça passionne des peintres, des écrivains qui ont beaucoup fait pour faire connaître la corrida. Et le plus connu d’entre eux, c’est Picasso, qui a mis plein de taureaux dans ses toiles.

Finalement, la corrida n’est légalisée en France que très tardivement, en 1951. Et selon la loi, elle est permise uniquement "lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée". Pour info, c’est la même règle avec les combats de coqs.

Depuis l'Antiquité, des combats contre les taureaux

Mais quelles sont ses origines, alors? Ça vient de la tauromachie, c’est-à-dire des spectacles qui mettent en scène des taureaux. On ne sait pas trop pourquoi, mais depuis l’Antiquité, les hommes adorent affronter les taureaux. Plus récemment, ça vient d’Espagne. Au XVIe siècle, dès qu’il y a une cérémonie officielle ou religieuse, dès que c’est un peu la fête, on sort les taureaux.

La passion de la noblesse espagnole, c’était de descendre dans l’arène, affronter la bête pour impressionner les dames. Mais déjà, à l’époque, des gens étaient choqués. Ça provoquait tellement de violence que le pape Pie V avait même fini par condamner les spectacles de taureaux, qu’il voyait comme une chose "démoniaque" et "étrangère au christianisme".

Spectacle violent, mais il y en a d'autres

Le débat ne date donc pas d’aujourd’hui. En France, cela arrive tardivement puisque la première corrida dite à l’espagnole n’a lieu qu’en 1853, dans la ville de Bayonne. Et dans les gradins, il y avait la femme de Napoléon III, l’impératrice Eugénie, qui était elle-même espagnole.

C'est évidemment un spectacle violent. Mais si on fait le compte des spectacles violents, on pourrait interdire beaucoup de choses. Qu’on le veuille ou non, ça fait partie de la société. D’ailleurs, ceux que ça insupporte ne sont pas obligés d’y assister. Et tant que l’égalité entre les animaux et les hommes n’a pas été décrétée, l’interdiction de la corrida n’est pas justifiée.

Arthur Chevallier