Baisse de la natalité: 70.000 euros offerts aux jeunes parents en Corée du Sud, faut-il faire pareil?

Aux grands maux, les grands moyens. La Corée du Sud figure parmi les champions du monde de l'effondrement démographique. Le nombre de nouveau-nés en Corée du Sud a même atteint en 2023 son plus bas niveau depuis les premières statistiques sur le sujet en 1970 selon les derniers chiffres datant de fin février.
Pour maintenir la population à son niveau actuel (51 millions d'individus), il faudrait que les femmes donnent naissance à 2,1 enfants en moyenne durant leur vie. Mais en 2023, le taux de fécondité a continué de chuter, atteignant 0,72.
A ce rythme, la population sud-coréenne va quasiment se réduire de moitié pour atteindre 26,8 millions d'habitants en 2100, selon l'Institut pour les mesures et l'évaluation de santé à l'université de Washington à Seattle (Etats-Unis).
Financer le "réarmement démographique"?
Le gouvernement coréen a dépensé des milliards d'euros pour tenter d'encourager les naissances, à travers des versements d'allocations, des services de garde d'enfant et une aide pour les traitements de l'infertilité. Mais le privé s'y met aussi. Ainsi, comme le rapportait Franceinfo le mois dernier, une entreprise du pays a décidé d'offrir des primes exceptionnelles à ses employés qui accueillent un enfant dans leur vie: 100 millions de wons, soit 70.000 euros.
Le chef de cette entreprise de construction justifie ce montant, qui peut paraître exorbitant, par un enjeu de survie de son entreprise, liant effondrement démographique et baisse de main d'oeuvre et de demande de construction.
Faudrait-il établir des mesures similaires en France alors que le président de la République Emmanuel Macron appelait récemment lors d'une conférence de presse le 16 janvier 2024 à un "réarmement démographique" de la France? Des propos qui avaient suscité la polémique et de nombreuses critiques de la part de militantes féministes.
Manque de courage politique en France?
Le pays est en effet en proie à une baisse de la démographie inédite avec un taux de natalité 9.9 enfants pour 1.000 habitants en 2023, contre 12.3 en 2013 selon les chiffres officiels de l'Insee.
"Il ne faut pas des montants aussi élevées car on n'est pas dans une situation aussi catastrophique que la Corée, mais on dit qu'il faut un réarmement donc il faut des mesures en ce sens", plaide le prof de philo Jean-Loup Bonamy, chroniqueur dans Les Grandes Gueules.
Olivier Truchot rappelle de son côté que le système français repose sur la solidarité entre les générations, notamment pour les retraites. "S'il y a moins d'actifs et de plus en plus de retraités, le système va exploser", note-t-il, taclant le "manque de courage politique de ceux qui nous gouvernent" sur cette question.