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“C’est injuste”: l’idée de limiter les arrêts maladie portée par Catherine Vautrin ne convainc pas

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Le ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin a annoncé plusieurs mesures à venir pour économiser 5,5 milliards d'euros sur les dépenses de santé l'an prochain. Parmi-elles, la limitation de tout premier arrêt de travail prescrit en médecine de ville à quinze jours et à un mois en sortie d'hospitalisation. Une mesure qui ne convainc pas l'opinion publique.

"Nous souhaitons limiter tout premier arrêt de travail prescrit en médecine de ville à quinze jours": Dans un entretien au journal Le Monde, la ministre de la Santé et du Travail, Catherine Vautrin détaille les pistes du gouvernement pour économiser 5,5 milliards d'euros sur les dépenses de santé l'an prochain.

Souhaitant mettre fin aux arrêts maladie abusifs, la ministre veut limiter tout premier arrêt de travail prescrit en médecine de ville à quinze jours et à un mois en sortie d'hospitalisation. Car selon la ministre, les contrôles exécutés sur les arrêts maladie de plus de dix-huit mois ont montré que, pour 50% d'entre eux, ces arrêts n'étaient plus justifiés. Son objectif est donc d'assurer un meilleur suivi médical de l'assuré et une réévaluation plus régulière des situations. Mais cette mesure ne fait clairement pas l'unaminité et ne semble pas convenir à toutes les situations.

"Trouver un médecin, c'est un parcours du combattant"

Samira a été en arrêt de travail pendant un an et demi à cause d'une blessure à la cheville. Elle se rappelle que deux semaines après son accident, elle n'aurait tout simplement pas été capable de se rendre chez le médecin pour prolonger son arrêt: "Au bout de quinze, je ne bougeais même pas de mon lit", raconte-t-elle. "J'ai une infirmière qui venait chez moi. J'habite au quatrième étage sans ascenseur, je ne pouvais tout simplement pas sortir voir un médecin..."

Le journal de 7h - 27/07
Le journal de 7h - 27/07
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Cette mesure n'aura pas d'exception. Ce sera quinze jours maximum d'arrêt quelque soit la pathologie. "Je trouve que cela n'a pas vraiment de sens", affirme Yazid au micro de RMC. "Déjà rien que trouver un médecin, c'est un parcours du combattant. Si au bout de deux semaines, la personne ne trouve pas de rendez-vous, comment fait-elle? Elle retourne travailler? C'est injuste..."

Encadrer les arrêts "de complaisance"

Pour Bernard Huynh de la Fédération des Médecins de France, c'est surtout la multiplication des arrêts de courtes durée dit "de complaisance" qu'il faut encadrer. "Par exemple, si vous avez une luxation de l'épaule. Au bout de quinze jours, vous ne pouvez pas reprendre un travail de force", souffle le practicien. "C'est absurde de généraliser de cette façon là. C'est une gestion comptable." Il assure que "c'est un message de défiance envoyé aux professionnels de santé". Selon lui, c'est une proposition "complètement déconnectée du terrain." Aujourd'hui, il n'y a pas de durée maximale pour une primo-prescription d'arrêts.

Léonie Guilbaut avec TC