“C’est une catastrophe”: soignants et patients très inquiets face aux tensions dans les hôpitaux

Manque de personnel, manque de lit, temps d'attente trop long... les urgences françaises sont en tension. "Une cinquantaine", plus précisément selon Frédéric Valletoux, le ministre démissionnaire de la Santé. Une situation que dénoncent depuis longtemps certains hôpitaux.
Comme chaque été, des services d'urgence sont en difficulté du fait notamment d'un manque d'effectifs endémique, qui devient criant en période de vacances. La semaine dernière, le président du syndicat Samu urgences de France, Marc Noizet, estimait la situation "au moins égale, voire pire que celle de 2023", avec "des fermetures perlées" dans une grande partie du territoire, sauf en Ils-de-France et dans quelques lieux accueillant des épreuves des Jeux Olympiques.
Interrogé par le quotidien Ouest-France, Frédéric Valletoux a estimé qu'"il reste, c'est vrai, des situations délicates à réguler". Au CHU de Brest, par exemple, "le temps d'attente moyen, entre l'arrivée et la sortie des urgences (...) a pu monter à 9 heures" ces dernières semaines, mais se situe habituellement plutôt autour "de 6 ou 7 heures", a-t-il dit.
Mais les autorités trouvent "des solutions au cas par cas" et les récentes mesures prises par l'exécutif, comme la revalorisation des gardes de nuits et weekends des personnels hospitaliers, "portent leurs fruits": "il est plus facile de recruter (...) durant cet été", a assuré le ministre.
Des tensions à Laval, les urgences de nuit fermées
Pourtant, ces problèmes pourraient se poursuivent après l'été, comme à Laval, en Mayenne. Les urgences de nuit de l'hôpital resteront fermées pendant la quasi-totalité du mois de septembre. Seules six nuits seront assurées. Les patients et les soignants sont inquiets.
L'air paniqué, Solange ne se remet pas de la nouvelle: "six jours d'ouverture la nuit, qu'est-ce qu'on va devenir ?", questionne-t-elle. Cette patiente fréquente l'hôpital depuis plusieurs années. Aujourd'hui, elle craint le pire avec ses problèmes cardiaques.
"Ça fait deux ans que je n'ai pas fait de crise, mais j'ai un coeur qui s'emballe à 230... Et s'il m'arrive la même chose maintenant, je sais qu'il y a la mort au bout. Il faut agir très très vite. Si mon cœur me lâche, mon mari sera tout seul."
Maryline, elle, a déjà trouvé porte close aux urgences de Laval. Pour l'habitante, c'était un vrai parcours du combattant pour soigner sa fille. "On a appelé, ils nous ont dit que c’était fermé et qu’il fallait aller jusqu'à Château-Gontier. Il y a plus de 25 minutes de route, quand on a en plus une personne en souffrance à côté de nous, on est vraiment démunis".
“C’est inadmissible”
Le visage fatigué, Caroline Brémaud scrute le planning du mois prochain. L'urgentiste est la première à avoir dénoncé le manque de personnel à Laval.
"On nous abîme. On en connaît qui disent "moi, j'ai plus envie de me battre’. Sur ma dernière garde, j'ai discuté avec un aide-soignant, il avait envie de changer de métier", déplore-t-elle.
Plusieurs d'entre eux se réuniront jeudi 22 août devant la préfecture de la région. L'objectif: alerter sur la situation des urgences dans les Pays de la Loire. Au CHU de Nantes (Loire-Atlantique), les syndicats font état de plusieurs décès en zone d'attente depuis le début de l'été. Des patients non pris en charge, ou pas assez rapidement.
“C’est une catastrophe. Ce n’est pas la prise en charge des professionnels qui est remise en cause, puisque ce qui bloque, et ce qui met en difficulté la fluidité des urgences, ce sont les lits qui manquent cruellement, et qui entraine des heures d’attente sur les brancards”, explique Patrice Le Luel, secrétaire général adjoint CGT au CHU de Nantes, au micro de RMC. “C’est inadmissible”, conclut-il.